Noix

 

Canac

En promenade à pied sur une route de campagne. — Une petite voiture arrive en sens inverse. Elle s'arrête à hauteur de pâturage, à une dizaine de mètres du point où je me trouve. — Un homme en sort, bedonnant, trapu, court sur pattes. — De l'autre côté d'une clôture, une charolaise s'approche. L'homme, qui, d'une main, tient un bâton, se tourne vers la vache. De sa main libre il se déboutonne puis se met à pisser. — J'hésite à le saluer, j'hésite à ne pas le saluer. Il me regarde de biais. Demi-mesure (juste milieu ?) entre la peur de déranger et celle de paraître incivil : je me résous à un signe de la main. Le rural articule alors un « bonjour » d'une voix éraillée et douce. — Je passe au niveau de la vache et de l'homme qui ne se rembraye pas encore. — Je les laisse derrière moi.

Campagnac août 2011

 

Rucher

Un verger en pente en bas duquel une dizaine de ruches sont alignées. — À l'entrée du verger, une pancarte :

« Ne pas s'approcher des ruches
sous peine de poursuites
... des abeilles. »

Saint-Laurent-d'Olt Forêt, en dessous de la voie ferrée août 2011

 

Vieille Chèvre au marché

Une dame d'âge indéterminé mais plus très jeune. Elle ressemble à la Veille Dame, l'amie de Babar. — Elle s'est arrêtée au milieu de la rue. Elle extrait de son panier un sachet, du sachet elle tire un morceau de fouace ou de galette ou d'un autre type d'en-cas gourmand. Elle le porte à sa bouche. — Elle s'est arrêtée pour cela, et les passants la doublent ou la croisent dans l'agitation calme (nous sommes à Saint-Geniez) du samedi matin.

Pendant ce temps, la Vieille Chèvre remonte la rue à petits pas rapides, elle double la Vieille Dame encore arrêtée qui prend son temps, qui croque, machouille, déglutit. — La Vieille Chèvre lui héle (bêle) :

– Vous avez bien raison, il faut pas se laisser abattre !

L'autre, ayant avalé sa bouchée d'en cas gourmand, lui répond d'une voix assourdie :

– Je suis diabétique, il faut que je mange.

Et la Vieille Chèvre, avant de filer, de sa même voix sonore :

– Vous avez bien raison !

Saint-Geniez-d'Olt rue de l'Hôtel de ville Un samedi d'octobre 2011

 

Codification d'usage

 image Vers le signal de Mailhebiau ou vers Bonnecombe image Montant de portail (ou de claie, ou de passe ?)

À une bifurcation au dessus du hameau de Plagnes, sur un petit panneau jaune :

« Vous êtes sur un chemin privé.
Le passage sur cet itinéraire de randonnée, sous votre responsabilité, est aimablement toléré.
Interdit aux véhicules à moteur.
Restez sur le sentier balisé. Respectez les pâturages. N'effrayez pas les bêtes. Tenez les chiens en laisse. Refermez les clôtures.
Respectez la nature.
Feux et camping interdits. »

Le temps de prendre les photos et de noter le texte du petit panneau jaune, mes doigts sont congelés.

En redescendant — les mains dans les poches et le dos au vent —, je suis saisi par le froid solaire.

Trélans Plagnes février 2012

 

Au Monastier, dans le grand froid

La Colagne — que je prenais pour le Lot — était gelée. — Nous avions trouvé des noix encore là, jonchant le sol et pas pourries.

Les gens sont trop riches. Il leur faudrait une bonne crise ! Ne se baissent même plus pour ramasser les fruits de la nature.

 (panneau de rue Le Monastier ) plaque de rue Le Monastier

http://services.sandre.eaufrance.fr

Le Monastier-Pin-Moriès février 2012

 

À Verlac, à la pause de midi

Suis allé à Verlac (vertigineusement) au dessus de Saint-Geniez. N'y ai pas vu âme qui vive, à moins — comme je le penserais volontiers — que les chiens en cage et les bovins à l'étable aient une âme.

La petite église romane à laquelle on accède par le petit cimetière m'a paru bien jolie. À part des stucs statufiés qui la déparent un peu en patenôtres saint-sulpiciennes. Mais, à l'entrée, les chapiteaux des petites colonnes en grès me parurent bien moyenâgeux : groupes d'animaux assez frustes, difficiles à identifier mais assez sauvages.

Dans le village, je prends en photo une herse, une carcasse de Renault 8 et une épave de Renault 4.

herse dans l'herbe R8 abandonnée 4L abandonnée
Aurelle-Verlac février 2012

 

Puech Redon

Le vieux monsieur il est sourd. Ça fait trois fois que je lui demande Puech Redon — Je lui mets le papier sous les yeux.

– Ah, Puech Redon ! C'est après le garage rouge, il est en haut le patelin... Pardi ! quand on connaît pas... À gauche, précise-t-il en mettant sa main gauche en tuyau. Puis : Euh, à droite !, se reprend-il en continuant à indiquer le côté gauche.

Il me salue de sa cane en cherchant à me caser dans une catégorie. — Il est dur d'oreille mais ne doute pas de lui-même. Quand je n'ai pu réprimer un sourire, craignant d'éclater de rire devant sa latéralité confuse mais sûre d'elle, il ne l'a pas remarqué. — 400 m plus loin, passé un entrepôt aux poutrelles rouges où sont garées des remorques rouges pour le transports des bestiaux, je tourne à gauche — « Campgris, Puech Redon » indique un panneau planté entre un bac de géraniums rouges et une colonie de vipérines bleues.

Soulages-Bonneval 17 juin 2013

 

Ça sort du cœur

Quant elle remonte dans son Kangoo la dame des repas à domicile, Trauchessec il lui lance :

– Allez, ma belle !

Elle n'est pas belle et plutôt difforme avec ses 100 kilos. Mais Trauchessec il parle avec son cœur, il a de l'allant, il est à l'aise dans ses baskets — pas trop affaibli bien qu'ayant droit aux repas de l'Aide à domicile.

Il l'a peut-être connue quand elle était petite et qu'elle était moins grosse.

Campagnac octobre 2013

 

Sur un mur,

près du parking :

« Non au gaz de chips  »

Le Pont-du-Gard août 2014