De l'euphorie caféinée

Ça fait longtemps que je n'ai plus éprouvé un bien-être optimiste et conquérant. — Cette humeur n'est pas un état que je me recommande. Je sais ce qu'elle a d'artificiel et d'intenable sur la durée. Ce n'est pas ainsi qu'on réalise. Il s'agit d'une revanche précaire sur une condition globalement éteinte, dont elle refoule la réalité mais qu'elle ne dépasse pas durablement. L'euphorie caféinée est un motif inscrit sur un fond déprimé.

État passager d'esclave ivre qui se croit soudain maître, mais dont cette croyance atteste à son insu la profondeur d'une déchéance qu'il jouit, dans des fastes imaginaires, d'exorciser en un fragile festival énergétique.

Il faut reconnaître cependant à ceux qui sont le jouet de tels mirages, une certaine fraîcheur d'âme, une candeur non absolument dénuée de générosité, quand bien même leur comportement se teinte d'une composante variable d'agressivité provocatrice, ce qui est souvent le cas. Le sens de la prudence baisse la garde. L'humeur entraînante prend le dessus, une nuance de hargne prête à s'intensifier. — Et ces comportements, les tempéraments plus équilibrées prémunis contre de tels errements, en ne risquant jamais de s'y faire piéger manifestent souvent, non une véritable maturité, mais la maîtrise de leur rôle social, balisé, acceptable.

Si je ne me plains pas

d'être devenu inaccessible aux turgescences spirituelles signalées ci-dessus, je m'inquiète toutefois de ne plus jamais être effleuré par le moindre écho de ces tourbillons illusoires. A ce point débarrassé d'un moi intempestif, je crains que cela ne soit dû non seulement à un caractère plus lucide mais également, hélas, à une fatigue du corps et à l'évidence obstinée d'une existence décevante.


 

Il

restera inscrit au bilan de quelques-un(e)s à la colonne des regrets éternels. C'est actuellement son seul projet politique. Il en retire un soulagement minuscule.


 

Si je

dis que je ne le referai jamais, il y a de fortes chances que je le refasse.


 

Ça y est,

je lui ai réglé son compte ! De rage, après avoir d'abord réprimé mon geste, me suis laissé aller à lui écraser la pointe, à lui fracasser le cabochon. De rage, ou plutôt avec rage. Car la raison aussi me poussait à virer cet objet loin de ma vue. — Qu'il déguerpisse hors de ma portée afin que je ne sois plus exaspéré, pollué par cette source d'énervement — de mortification — , quand ma tendance penche facilement dans ce sens et n'attend qu'une telle occasion pour basculer  côté pire.


 

Ce matin,

l'atmosphère est louche entre nous.

épouvantailépouvantail

 

Les échanges culturels ont été rendus impossibles

par une déchirure définie par un adverbe de dépeuplement.


 

Quand j'attends l'orage

c'est mauvais signe. C'est que j'ai les nerfs en vrille et que j'attends la pluie comme comme un baume sur les blessures.

J'entends tonner sur la Lozère. Une colossale pyramide inversée formée de cumulus chargés de tourmente se déplace par ici, je crois bien.


 

Ce soir, il me vient

des expressions que vous jugerez vous-même  :

mise à mal
rien ni personne
par pertes et profit
à rebrousse temps
a contrario
tant et plus
en délicatesse
ni chaud ni froid
peu me chaut
quelle claque
hélas
menu fretin
glauque et glacé
pelure de mouiche
à vaut l'eau
en rade
autant en emportent les moulins à eau
confettis et cuir de mammouth
que dalle
fariboles que tout cela
à plates coutures
stoppé net sur son élan


 

Ma précipitation

explique ma confusion (ou l'inverse).


 

À propos d'un personnage pas blindé :

2 choses qu'il aurait besoin de recevoir, auxquelles il aspire, qu'il aimerait qu'elles lui soient prodiguées :

l'onction d'un sommeil réparateur ;
la bienveillance d'un regard gratifiant.

3 mots qu'il accueille dans son panier à mots :

prodiguer ;
réparateur ;
gratifiant.

(«Car les mots au milieu des ténèbres ont un étrange pouvoir d'éclairement.»)

En attendant, il tue des mouches,

ce qui est toujours un succédané de puissance vengeresse. Car loin de lui l'idée de jouer à l'ange et de risquer ainsi de faire la bête.
Si sa carrosserie n'en sort pas remise à neuf, au moins n'est-il pas pollué par trop de toxines hypocrites. Loin de tout simulacre d'angélisme, il s'évite le poison d'un ressentiment non purgé.
Il a pour complice une araignée du soir qui fait sa toile au dessus de l'évier. Il se garde bien de la déranger et l'a promue au contraire au rang d'alliée dans sa chasse au diptère. L'octopode silencieux renforce son arsenal, aux côtés du ruban gluant de marque Johnson qui pend à la poutre et du torchon légèrement humide transformé en néo-massue.

C'est fait ! La dernière mouche est tombée sous le fouet... et (par la grâce d'une coïncidence !) une pluie fine et sédative répand son ondée sur les prés alentour comme une morphine sur les nerfs du névrosé.

Après quelques minutes de vigilance, dans l'hypothèse improbable, mais sait-on jamais, d'une mouche se relevant de son k.o. et de nouveau prête à en découdre, quand le silence de la mort régnera sans conteste dans la cuisine rendue à sa paix, le torchon qui a bien servi ira rejoindre la corbeille au linge sale.

 

Les mains sales

Dans cette atmosphère contrariée, mes nécessités conscientes de réforme intérieure n'ont pas connu de réalisation probante.


 

On

ne sait jamais. On non, mais moi ?

 

Communiqué final pour le correspondant de nulle part

Cesse d'attendre et résume toi en boule
Écourte toi
L'attente est une lampe qui file
Souffle toutes les allumettes
et autant en emporte le noir.