Un personnage attachant
Un mauvais conseil lui avait fait entreprendre une cure difficile à suivre jusqu'au bout.
Quel vice, défectuosité, problème réel, imaginaire, ou mélange de tout cela... s'agissait-il de surmonter ? C'est ce que je saurais divulguer, faute d'information suffisante, et aussi par souci de ne pas m'égarer dans d'inutiles exhaustivités, détails encyclopédiques, considérations trop étrangères à l'intention de ne livrer ici qu'un communiqué succinct au sujet d'un personnage attachant.
L'échec de la tentative lui avait perdre un peu de sa confiance en elle.
Puis, l'oubli, les saisons, le renouvellement des cellules...
Je l'ai revue dernièrement : plus de rancune ni de dépit (ni contre elle-même ni contre le charlatan, l'incompétent, le cuistre, l'abuseur, quel que soit le nom qu'on donne au promoteur de la recette miracle auquel elle avait cru bon de s'en remettre). Magnanime tu seras, telle fut sa maxime de secours. (À condition que cela ne devienne pas une habitude, et sans pour autant perdre de vue ni le principe de justice ni celui de persévérance qui savent détourner des pardons trop faciles. Quoiqu'il en soit, son humeur avait choisi de ne pas rester sourde à cet autre adage : À quelque chose malheur est bon...).
Beaucoup d'allant, la même pointe d'innocence que je lui avais connue, une coupe de cheveux et d'habits qui la rafraîchissait, dans le style stable comme un X, autosuffisante comme une cédille qui opte pour l'indépendance, judicieuse comme une accumulation sans ordre de consonnes occlusives et muettes. Elle se croyait sur le point de proposer bientôt un nouveau modèle de catapulte à syllabes. De quoi faire passer aux possesseurs d'oreilles le goût de l'hypocrisie. C'était un peu rédempteur dans l'idée, mais hélas, pour quelque temps encore (restons ouverts aux complaisances d'un optimisme mesuré) modestement réduit à l'état de prototype à remettre sur le métier.
Ses soutiens les plus proches espèrent un résultat avant le curage des égouts prévus pour la prochaine session de ripolinage des bordures de trottoir. (Ça va briller et ça puera moins.)
Mais son activité ne se résume pas cet aspect laborieux des choses. Sa créativité s'exerce aussi dans le domaine du plaisir sans trace. Elle sourit à la vie et la vie la gratifie un jour sur deux.