Inflation signalétique et prolifération sub-signalétique

Apothéose de l'incitation à consommer, conforme à celle du Capital à s'accumuler, et ce faisant à coloniser chaque terminaison nerveuse par des signaux explicites, par des stimulations dépourvues de significations particulières ou exagérant l'expression des signaux explicites, la signification ou l'absence de signification agissant indifféremment dans la production d'une ambiance de captivité, le tout contribuant à une forme d'enfermement, d'influence généralisée, et de détournement au bénéfice d'une finalité totale et cohérente.

Les anti-pubs mettent l'accent sur le contenu (le signifié) commercial des publicités quand la forme (la vibration en dessous du verbal et par delà le sens figuré) est davantage encore un fléau. Supprimerait-on le contenu du message et ne garderait-t-on que sa forme, l'essentiel de son effet demeurerait.

Dans un univers saisi par les automates d'alarme, d'injonction, de promotion, de garniture, d'agitation pour l'agitation et de bruit pour le bruit, dans un environnement d'inflation du volume et de la fréquence des stimuli artificiels multi-canaux, où le sécuritaire se joint au ludique, dans l'ubiquité des clignotements visuels et sonores, pixellisés, automatisés, signifiant par leur message ou par leur insignifiance même, dans un dérèglement logique où le bruit concurrence le bruit et où une excitation ne chasse pas forcément l'autre, défendre le droit au rien (au neutre), au vide, au coefficient vital de silence quotidien, conditionne la santé, le bien être, la liberté.

La volonté commerciale a la puissance des réseaux d'automates, des écrans qui émettent et nous atteignent sans que nous les ayons allumés.


La municipalité écologiste de Grenoble a décidé, en 2014, de ne pas renouveler son contrat avec la groupe d'affichage et de mobilier urbain JCDecaux. Cette annonce, qui était une promesse de campagne du maire, Eric Piolle, est « une première européenne pour une grande ville », explique la mairie :

« La municipalité fait le choix de libérer l'espace public grenoblois de la publicité en développant les espaces d'expression publique et ne lance pas de nouvel appel d'offre pour de l'affichage publicitaire. »