Humour de précision

Elle se disait hystélyrique. J'y repense ce matin, cinq ans plus tard.
Il n'y avait non seulement aucune raison de ne pas la croire mais une raison de plus de la croire. « Hystélyrique », en effet, cette expression ne se contente pas de  dire ce qu'elle dit mais réussit à être ce qu'elle dit.


« Hystélyrique » est un mot-valise. — Contrairement à tous les mots multi-sens qu'on, dans de certains médias, appelle ainsi.

Au principe de cette confusion : le goût des mots-spectacles (ici dans un registre de mots parlant de mots ou métalangage où « mot-valise » se voit enrôlé à la parade des mots-spectacles), licence autorisée par le manque d'égard envers des mots qui ne leur ont rien fait de la part de dispensateurs fort dispensables d'une norme douteuse (production normative aidée par le pouvoir médiatique et la tendance mimétique qui y prospère, celle-ci favorisée par un faible niveau culturel allié à une forte prétention culturelle, dans un milieu souvent pauvre en capacité de résistance, notamment linguistique). — Bénéfice recherché dans le commerce du factice. Contrefaçon non punie par la loi. Alchimie à l'envers qui transforme l'or en plomb.

Voir Pascal et ses « reines de village » (Pensées — 33).

Il faut noter qu'un mot-valise n'est pas une expression polysémique mais tout le contraire. Un mot-valise dénote une mise au point inédite. La transcendance de cette espèce linguistique, avec son petit côté savant fou — fou mais anti-flou — relève d'un humour de précision.

Élisabeth, dont il est question plus haut, avait une prédilection pour cet autre mot-valise : « clavardage », qu'elle n'avait pas créé mais qui lui allait bien.