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Alterégoscopie / microroman
Mademoiselle Lufaisait consciencieusement, sinon consciemment, en sorte de ne pas m'entendre. Je disaisà mademoiselle Lu : — Si vous gagnez vous perdez et si vous perdez vous perdez. Si j'étais vous, je changerais complètement mon fusil d'épaule (et quitterais cette autoroute dont les multiples sorties ne sont qu'une version sophistiquée et sophistique de l'impasse, pensais-je sans le lui dire). Mademoiselle Lu m'a répondu : — Comment ça ? Plus tard,Mademoiselle Lu m'a dit : — Je suis intégriste mais pas dogmatique. Cette remarque m'a laissé rêveur.
Égoscopie / microroman
Quand j'attends l'oragec'est mauvais signe. C'est que j'ai les nerfs en vrille et que j'attends la pluie comme comme un baume sur les blessures. J'entends tonner sur la Lozère. Une colossale pyramide inversée formée de cumulus chargés de tourmente se déplace par ici, je crois bien. À propos d'un personnage pas blindé :
2 choses qu'il aurait besoin de recevoir, auxquelles il aspire, qu'il aimerait qu'elles lui soient prodiguées :
En attendant, il tue des mouches,ce qui est toujours un succédané de puissance vengeresse. Car loin de lui l'idée de jouer à l'ange et de risquer ainsi de faire la bête.Si sa carrosserie n'en sort pas remise à neuf, au moins n'est-il pas pollué par trop de toxines hypocrites. Loin de tout simulacre d'angélisme, il s'évite le poison d'un ressentiment non purgé. Il a pour complice une araignée du soir qui fait sa toile au dessus de l'évier. Il se garde bien de la déranger et l'a promue au contraire au rang d'alliée dans sa chasse au diptère. L'octopode silencieux renforce son arsenal, aux côtés du ruban gluant de marque Johnson qui pend à la poutre et du torchon légèrement humide transformé en néo-massue. C'est fait ! La dernière mouche est tombée sous le fouet... et (par la grâce d'une coïncidence !) une pluie fine et sédative répand son ondée sur les prés alentour comme une morphine sur les nerfs du névrosé. Après quelques minutes de vigilance, dans l'hypothèse improbable, mais sait-on jamais, d'une mouche se relevant de son k.o. et de nouveau prête à en découdre, quand le silence de la mort régnera sans conteste dans la cuisine rendue à sa paix, le torchon qui a bien servi ira rejoindre la corbeille au linge sale. Je ne me souviens plus laquellede mes anciennes amies avait inventé le personnage folklorique et allégorique du Professeur Ronchon. Ma précipitationexplique ma confusion (ou l'inverse).
Alterégoscopie / microroman
Un beau coupleIls formaient un beau couple, mais pour l'instant fidèle à l'adage "pour vivre heureux vivons cachés". Par conséquent, personne ne le savait.
Elle était ferme et à cheval sur les principes, y compris dans les détails. Quant à lui, il fluctuait souvent (s'égayait, dérapait, louvoyait) dans les marges floues des résolutions qu'il avait prises et des règles qu'il s'était données. Il se disait : j'ai confiance en moi - qui est fort n'est pas rigide -, plier comme un cyprès dans le vent joue comme un tonique sur mon élasticité et je sais bien revenir à ma forme désirée sans préjudice pour le cap que je fixe à ma poussée.
En considérant l'objet ci-dessus ^, je constate (mais je l'avais plus pu moins perçu en cherchant à éviter les répétitions) que le registre sémantique de l'article de foi y est substantivé au moins six fois : "principe", "résolution", "règles", "cap", "orientation", "exigence". De manière moins synonymique, mais illustrant le même thème, j'ai usé des expressions "ferme", "à cheval", "mouche du coche". A contario (valeurs opposées dans le même champ sémantique) j'ai utilisé "fluctuer", "s'égayer", "déraper", "louvoyer".
^^ texte inspiré par une photo montrant des jambes, une paire féminine et une paire masculine, s'avançant dans une énergie qui me parut légère et complice.
Autre choseTa censure est censurante. Ta timidité intimidante. Ton sentiment de culpabilité culpabilisant. — Quant à ta façon de placer autrui en étendage quasi-dissectif pour observation et inventaire des organes préalable à tout commerce relationnel..., cette façon de ne surtout pas entrer de plain pied dans un échange qui aurait l'aiguillage soudain vers une familiarité légitime comme déclencheur, cette presbytie mentale qui t'incites à tenir éloigné tout ce que tu contemples, tout cela donne à l'environnement dans lequel nous baignons l'allure d'un bain de glace qui ne favorise pas, c'est le moins qu'on puisse dire, l'aisance des mouvements. "Look the way she walks, hear the way she talks"*(Si vous n'êtes pas sensibles au versant abstrait des choses du sexe cette notule vv n'est pas pour vous)Certaines d'entre elles étaient intenses, d'autres dans la ferveur. Celles dans la ferveur étaient toutes intenses. Mais il est une intensité sans ferveur. C'est peut-être à ce genre qu'appartiennent les femmes fatales, mujeres aranas** et autres mujeres trampas***.
* http://www.youtube.com/watch?v=rCGO8ad5M_c
http://www.payot-rivages.net/livre_Etudes-sur-l-amour-Jose-Ortega-y-Gasset_ean13_9782743612115.html
** femmes araignées. *** femmes pièges. Pourquoi utiliser des expressions espagnoles pour évoquer les femmes fatales ? Ces dernières ne sont sans
doute pas plus nombreuses sous les cieux
hispaniques qu'ailleurs, peut-être même y sont-elles moins nombreuses. Il évoque à leur sujet « le tremblement ému et émouvant de l'eau dans la source ». « Elle ne se défausse jamais, répond toujours — non qu'elle soit facile. Elle n'est pas femme facile dans le sens qu'emploient les hommes. Elle est tout le contraire : elle est exigeante, dit non à beaucoup de choses et à beaucoup de personnes, mais elle le dit avec ardeur, en s'intéressant à elles » . Une créole est, sur ce plan, le contraire d'une femme fatale (campée dans une indépassable indifférence) — la seconde partageant cependant avec la première une charge d'intensité. Les conséquences de ce qu'on faitne sont pas les plus graves.
Cette sentence ^^ est l'amélioration (à mes yeux de petit homme sur les épaules du grand) d'une de
Marcel Mariëns dans laquelle ont simplement été inversés l'affirmatif et le négatif des verbes.
http://elisandre-librairie-oeuvre-au-noir.blogspot.fr/2011/02/erotique-subversive-avec-marcel-marien.html
Le sens est le même mais moins immédiat dans la phrase transformée.
Hors-sujet (Le bon, le beau, les maux, les mots)
Fausse radicalité, fausse finesse, théorie du complotIl est des façons de chercher à conjurer la duperie qui sont le meilleur moyen de s'y précipiter. C'est un peu le « Qui veut faire l'ange fait la bête » de Pascal. CoïncidencesEntre hier 1er septembre 2012 et aujourd'hui, je suis le sujet, ou l'objet, d'une coïncidence ce que Jung appellait "synchronismes" et à quoi Breton se référait par l'expression que j'ai toujours trouvée absconde de "hasard objectif". Dans le second chapitre de L'amour fou on trouve pourtant une définition moins lapidaire de cette classe de phénomènes « Le hasard ayant été défini comme « la rencontre d'une causalité externe et d'une finalité interne »... ».Cette définition biseautée attribue au hasard une qualité mixte entre objectivité et subjectivité, entre déterminisme et désir. Une telle présentation me paraît plus heureuse que l'adjonction fréquente et devenue routinière (ce qui est un comble) du seul qualificatif "objectif" au substantif "hasard". Les improbabilités objectives sont sans doute en nombre infini dans un univers lui-même infini. Elles ne se hissent au statut de hasard remarquable que si elles trouvent à s'inscrire dans un champ de perception et de sensibilité. Ce qui précède me justifie à écrire que d'une coïncidence qui me frappe je suis à la fois l'objet et le sujet. "Coïncidence" c'est combien de points au Scrabble ?Le samedi 1er septembre 2012, je suis accueilli chez un couple de jeunes retraités pour une enquête TNS-Sofres (en 2012, je boucle les fins de mois en faisant des enquêtes pour la Sofres). Pour répondre aux questions, le mari (= l'individu du ménage tiré au sort) interrompt la partie de Scrabble qu'il faisait avec sa femme. J'ouvre mon ordinateur sur un coin de la table où les pièces, le plateau du jeu et un dictionnaire resteront là, en plan, le temps du questionnaire. Je tourne de temps en temps mon regard vers le plateau pour tenter de lire les mots formés par les pîèces, sans succès, le plateau n'étant pas dans le bon sens et les mots n'étant sans doute pas des expressions courantes faciles à déchiffrer. — Le lendemain dimanche, je regarde un film de Claude Chabrol — Il s'agit du premier film que j'aie jamais téléchargé (piraté peut-on dire) par Bittorent — Vers le milieu du film j'ai la surpise de voir Michel Bouquet et Stéphane Audran agrémentant leur tête-à-tête par une partie de Scrabble. Je précise que je n'ai jamais aimé le Scrabble et que cela faisait des années que je n'avais vu personne y jouer . D'autre part, la pratique en couple des jeux de société ou de cartes symbolise une sorte de bien-être qui, à mes yeux, n'est pas associé à une monotonie bas régime mais évoque une paix et une harmonie dont je me trouve actuellement nostalgique. Deux coïncidences avec panneaux indicateurs :Le mercredi 25 septembre 2013, je suis allé pique-niquer au Point Sublime, dans les gorges du Tarn — En repartant par la petite route qui rejoint Saint-Georges-de-Lévezac, j'apperçois un paneau indiquant Saint-Jory. Coïncidence : je viens de terminer la relecture d'un roman de Philip K. Dick, Ubik, dont l'un des personnages se prénome Jory. Il s'agit d'un jeune homme conservé à l'état de semi-vie qui interfère avec la réalité — ou l'impression de réalité — d'autres personnages également en semi-vie mais plus affaiblis que lui. Il les parasite, profitant de leur faiblesse, et élargit à leur détriment son espace vital.Sa vitalité ne lui donnerait-elle pas le pouvoir d'interférer avec le cours de ma journée ? Je ne vais pas jusqu'à lui attribuer le fait que mon pique-nique était en partie raté. Ainsi, du chocolat imprudemment placé dans une poche de mon sac à dos a fondu au soleil, cataplasmant l'intérieur du sac, mon téléphone portable et mon humeur... C'est peut-être pour cela que je n'ai pas eu à cœur de faire un détour par Saint-Jory. « – Ma ligne est parasitée par un intrus ! s'écria Runciter. Il a pris la place d'Ella. C'est insensé que des choses pareilles arrivent. Si je menais mes affaires de la même façon que vous...
Pour mémoire : Saint-Jory est une fermette caussenarde isolée, bâtie en 1670, occasionellement occupée comme résidence secondaire.
Le jeudi 10 avril 2014, j'ai pris de temps de m'approcher de l'endroit par un chemin envahi d'herbe et de fleurs. J'étais retourné au Point Sublime, sans gâchis cette fois — Juste un peu déçu de ne pas voir les vautours. Le vendredi 21 mars 2014, au réveil, je note quelques bribes rescapées de mon – et entourant mon – dernier rêve de la nuit : « Une femme assise devant un feu de cheminée. La maison ressemble à celle de ma tante Raymonde. je demande à la femme si la maison lui plaît. Elle ne lui déplaît pas. À moi non plus.
L'après-midi, je suis à Lacroix-Barrez pour une promenade après le travail — Je passe en voiture devant un panneau indicateur. Nom du hameau indiqué : Lacan !
Relevé(s) du quotidien
Comment dit-on "hameau" ?Dans la vallée du Lot, nord-Aveyron, ils disent souvent "village" pour signifier ce qu'un français standard nommerait "hameau". L'ensemble de deux maisons sur une crête peut même être qualifié de village. (Mais ils emploient aussi, selon la situation et dans un usage plus conforme aux normes nationales , le mot "village" dans le sens du français standard). — Par écrit, sur les panneaux indicateurs et sur les adresses, le village est ordinairement qualifié de "bourg". —"Centre-bourg", c'est par là... "M. X Le bourg 12560 Campagnac", le facteur saura trouver... Il s'agit d'une forme d'inflation, où le mot du plus grand sert à désigner le petit. — Il serait prématuré, à ce stade, d'en tirer des conclusions. |