Compléments,
mai 2008
Quand la machine
attaque
Communiqués de l'association
Un centre ville pour tous
1a
MARSEILLE REPUBLIQUE DEMANDE L'EXPULSION
D'UNE DAME DE 100 ANS ET 6 MOIS -
ONT-ILS PERDU LA RAISON ?
Marseille République assigne trois de ses locataires à jour de leurs loyers pour expulsion
de leur logement. L'audience est prévue le lundi 26 mai 2008 à 14 heures au Tribunal
d'Instance
de Marseille.
Deux autres personnes sont assignées, il s'agit de locataires installés dans le
quartier
depuis des dizaines d'années.
Sont donc menacés :
- cette dame centenaire, demeurant rue du Chevalier Roze,
- une autre, mère de trois enfants, habitant rue de l'Evéché où les travaux de rénovation
n'ont pas nécessité le départ des autres locataires,
- un homme âgé et malade, locataire depuis longtemps au Boulevard des Dames, dans lequel
le bailleur vient de signer un bail pour un nouveau locataire !
UN CENTRE-VILLE POUR TOUS ET DES HABITANTS DU SECTEUR REPUBLIQUE LANCENT UN APPEL :
ADHERENTS, SYMPATHISANTS, HABITANTS ET COMMERÇANTS
DU SECTEUR REPUBLIQUE
VENEZ TOUS, PAR SOLIDARITE, SOUTENIR LES ASSIGNES MENACES D'EXPULSION !
RENDEZ-VOUS LE LUNDI 26 MAI 2008, A 14 HEURES
TRIBUNAL D'INSTANCE DE MARSEILLE
SQUARE PIERRE MICHEL, SALLE N°1
La machine à expulsion, sous couvert d'une vaste opération de rénovation, s'emballe-t-elle
au détriment de toute considération humaine ?
Pense-t-on pouvoir encore, sous le motif de la réhabilitation du quartier, cacher la réalité
de cette vaste opération de spéculation immobilière ?
le 23/05/2008
»
1b
Le tribunal d'instance renvoie au 3 septembre 2008 l'examen de la demande
d'expulsion de 3 locataires par Marseille République (ATEMI).
Marseille République, (groupe financier ATEMI depuis peu) avait, dès samedi 24 mai
(voir La Provence du même jour), promis de tout faire pour reporter
l'audience fixée au 26 mai.
« C'est une aberration de notre
service juridique » s'était défendu le porte parole de la société
immobilière répondant à une question de la journaliste.
»
Contexte :
Un centre ville pour tous
NOUVELLE audience du Tribunal d'Instance -
RENDEZ-VOUS place Pierre Michel-13006 Marseille
le
3 septembre 2008 à
partir de 14 heures...
Les adhérents et sympathisants de l'association "un centre ville pour tous" sont invités à
soutenir trois locataires
de Marseille République dont les congés font l'objet de recours devant le Tribunal.
Complément d'août 2008
DERNIERE MINUTE : les affaires d'expulsion qui devaient passer au tribunal
ce mercredi 3 septembre 2008 sont reportées à une séance ultérieure...
Quand
les gens
contre attaquent, et gagnent
Information Le Rouet à coeur ouvert
2
Les chibanis obtiennent gain de
cause
La justice ne leur redonne pas un logement, « mais moralement, c'est déjà énorme ».
La cour d'appel d'Aix a condamné la semaine dernière la société d'économie
mixte Marseille Aménagement à 175000 euros de dommages et intérêts pour n'avoir pas relogé
vingt-cinq retraités maghrébins d'un immeuble qu'elle réhabilitait dans le quartier du Rouet
(8e arrondissement).
« C'est une décision de principe, qui pourrait être appliquée dans des dossiers similaires à Belsunce », souligne Michel Pirrottina, de l'association Rouet à coeur ouvert, qui a rendu le jugement public hier.
Dans le cadre de la zone d'aménagement concertée (ZAC) de ce quartier,
Marseille Aménagement avait exproprié en 2004 un ancien hôtel meublé, au 24, rue Jean Alcazar.
La propriétaire avait obtenu une indemnité de 350 000 euros pour son immeuble, mais ne l'avait pas totalement fait vider de ses occupants. Marseille Aménagement a pris le relais en justice et obtenu l'expulsion avec recours à la police en octobre 2006.
« En se substituant au propriétaire, la ville de Marseille et Marseille Aménagement
étaient tenues d'assurer le relogement des occupants de l'immeuble exproprié », a tranché la
cour le 21 mai 2008.
Elle a condamné la société à verser 7000 euros de dommages et intérêts à chaque expulsé.
»
Contexte :
Le Rouet à coeur ouvert
^ Complément de Mai 2008
|
Rue Thubaneau : « Le numéro 23 a été entièrement vidé de
ses occupants. Et ceux du 4 et du 14-16 ont reçu leur lettre de congès pour vente.
»
Le 15 juillet 2007 - Spéculation rue Thubaneau
"RUE THUBANEAU PAR PROFITS ET PERTES - Ne bénificiant plus d'avantages fiscaux,
les propriétaires sont tentés de revendre leurs immeubles plus cher... et sans locataires. "
"Au moins trois immeubles de la rue Thubaneau sont actuellement
concernés par des
projets de vente. Pour le moment sans succès. Le numéro 23 a été entièrement vidé de
ses occupants. Et ceux du 4 et du 14-16 ont reçu leur lettre de congès pour vente."
Le numéro 23 toujours vide...
NPAI —
Il n'y a plus personne à l'adresse indiquée.
Confirmation de l'info
de
20 minutes du 25 juillet 2007 (article F.
Legrand). Derrière les volets,
ce sont des appartements récemment rénovés, occupés ensuite par une ou
deux vagues de locataires... ...
En mai 2008, une nouvelle promenade dans
le secteur montre que l'immeuble n'est toujours pas restitué à sa vocation logement.
L'efficacité sur le plan
des profits va de pair avec un échec social, prémice probable d'une faillite urbaine à
grande échelle.
L'intervention d'agents publics
(Marseille Aménagement) est mise au service du profit privé, dans une logique libérale. Les dispositifs
juridiques — tous
favorables aux jeux du
capital — produisent à un moment ou à un autre la séquence du délogement.
Il ne s'agit pas
de mouvements résidentiels choisis mais d'évictions de locataires, avec plus ou moins de pression (congés pour vente...).
On vide les immeubles soit au début du processus de réintégration du secteur
dans l'espace socio-économique normalisé (rue de la République et Le Rouet - voir
ci-contre)
soit à une étape
ultérieure (rue Thubaneau - où le processus a commencé plus tôt).
Sur la rue de la République et au Rouet, des habitants sont harcelés et
expulsés avant rénovation. Rue Thubaneau, les expulsions ont lieu
quelques années après la rénovation,
afin de permettre la revente au meilleur prix, une fois réalisée l' optimisation fiscale facilitée par la loi Malraux (et après un délai de quelques années au cours desquelles
le propriétaire n'a pas le droit de revendre). Les spéculateurs
veulent gagner sur tous les tableaux.
A certains moments, les habitants réels deviennent une gêne - même
s'ils sont des gens "normaux" dans des logements
"normaux" (comme c'était le cas rue Thubaneau, où de nombreux
logements rénovés accueillaient une clientèle de type étudiants).
Car un immeuble, ou un appartement, se revend plus cher s'il est vide.
L'opérateur public qui
encadre la rénovation propose parfois des relogements à proximité. Ainsi, en 1996,
une habitante de la rue Thubaneau est relogée rue Tapis Vert ; en 2004, un couple
de la rue Bernard du Bois est relogé rue Francis de Pressensé... Mais il n'en va pas
toujours ainsi. Et c'est pour contrevenir à l'obligation de relogement
que Marseille Aménagement à été récemment condamné (voir ci-contre).
Si l'objectif est de
rénover, proposer aux locataires un déplacement avec relogement peut se concevoir
(le tout dans des conditions prenant en compte leurs moyens et leurs souhaits), si c'est pour faciliter
les plus values spéculatives, cela revient à réduire l'humain à un simple facteur
matériel soumis à l'intérêt privé.
Habitants réduits à des pions, c'est ce qui se passe lorsqu'une fois relogés dans des immeubles rénovés sous loi Malraux,
les locataires sont de nouveau délogés ou déplacés lors de la sortie de ces immeubles du
cadre défiscalisant. Ce dispositif est
irréprochable du point de vue des investisseurs et aberrant du point de vue des locataires.
Quoiqu'il
en soit,
le respect des garanties légales et la prise en compte de l'humain dans l'exécution des procédures
sont d'autant mieux garanties que les
associations sont présentes, soutiennent la résistance des habitants et influent sur le rapport de force.
La scène marseillaise révèle les vices d'une politique urbaine qui se fie
au capital opportuniste - celui qui s'investit aujourd'hui ici, et demain à l'autre
bout du monde - aveugle aux spécificités de la ville et de ses territoires, et indifférent à
toute éthique de responsabilité.
(Ci-dessous, petite étude de cas : La Marseillaise 04-10-2007 vv)
La Marseillaise 04-10-2007 — Article : A. SCHALLER
«
La lettre arrive en décembre dernier : congé pour vente. Eric Martin doit quitter son
logement du 23, rue Thubaneau avant le 30 juin. Eric fait partie des « nouveaux habitants »
du quartier où il vit maintenant depuis 6 ans : « La rue était réhabilitée, c'était
l'occasion », explique ce père de famille qui finit par adopter le lieu et s'y investir.
Forcément, le congé le surprend. « Après le moment d'angoisse, j'envisage de racheter. Mais
l'agence me décourage, m'expliquant qu'une copropriété est une chose lourde à gérer...
Puis,
elle me réoriente vers un appartement de la rue du Baignoir. C'est plus cher, avec une
caution, mais tout est plus simple », se souvient le jeune homme.
Aujourd'hui, Eric Martin a le sentiment d'avoir été manipulé. 151 000 euros pour 94 m2,
soit 1 600 euros le m2, c'est un prix accessible qui est demandé pour l'appartement qu'il
occupait rue Thubaneau.
S'adressant au maire, Philippe San Marco insiste : « Après les subventions et
les
défiscalisations, les investisseurs s'en vont, s'étant constitué un patrimoine privé avec
des fonds publics. »
« Si cela s'avère vrai je préempterai car je ne saurais accepter ce principe », s'engage
Jean-Claude Gaudin dans la foulée.
« Préempter ? Chiche ! Mais c'est avant qu'il aurait fallu mettre des garde-fous, d'autant
que c'est un point sur lequel, en tant que militants, nous avions alerté la mairie »,
tempête Nourredine Abouakil d'un Centre Ville Pour Tous. Pour rénover le centre de
Marseille, la Ville ne recule devant rien pour attirer les investisseurs :
des garanties
(contre la vacance,
terme), des subventions
et une procédure permettant la défiscalisation loi Malraux. (...)
»
^^ Complément de Mai 2008
23 rue Thubaneau — le feuilleton, suite...
La Ville rachète deux immeubles (16 et 23, rue Thubaneau) qu'elle avait livrés à la
spéculation 10 ans plus tôt.
F. L. -
20 Minutes du 10/07/2008
«
Marseille Habitat, société d'économie mixte de la municipalité, est actuellement en
négociations pour racheter deux immeubles « loi Malraux » de la rue Thubaneau (1er), a-t-on
appris hier auprès de sa direction. Rénovés par des investisseurs privés via la
défiscalisation dans le périmètre de restauration immobilière (PRI) de Belsunce, les
immeubles du 16 et du 23, rue Thubaneau avaient été mis en vente l'an dernier, à la fin de
leur dispositif « Malraux ».
Ne pouvant racheter leur logement, certains locataires
risquaient de se retrouver à la rue. La mairie alors a demandé à Marseille Habitat de
racheter les bâtiments.
« C'est une bonne chose pour les familles, mais cela aurait pu être
évité si les collectivités avaient acheté des immeubles il y a dix ans, au début de la
rénovation du quartier, souligne Nourredine Abouakil, de l'association Centre-ville pour
tous. A l'époque, les prix de l'immobilier étaient très bas. » (...)
»
Le journaliste de 20 minutes oublie ici de dire qu'au numéro 23 il n'y a plus de
locataires. Les propriétaires
s'en s'ont débarrassés. Information donnée par ce même journaliste, il y plus d'un an.
Voir aussi article cité de La Marseillaise.
^^ Complément d'août 2008
Marseille capital
Requalification, réhabilitation.
Sous ces slogans, le quartier Belsunce et la rue de la
République constituaient des priorités pour la municipalité Gaudin au cours des deux dernières mandatures.
C'était aussi le cas pour les municipalités précédentes, puisque la réhabilitation de
Belsunce a débuté il y a vingt ans.
Le quartier Capucins-Noailles faisait aussi partie des objectifs mais a été quelque peu
oublié en route.
Voici quelques repères quant aux procédures, dispositifs utilisés et organismes actifs lors des opérations récentes :
PRI (Périmètre de Restauration Immobilière) — Cadre juridique
contraignant, obligeant les
propiétaires à réaliser d'importants travaux
sous peine d'expropriation.
Acquisition par la ville d'un important domaine foncier
fortement dégradé. Mission donnée à la régie
Marseille Aménagement d'opérer les travaux
ou de revendre.
AFUL (Associations foncières urbaines libres) — Ce moyen juridique
sert ici à des montages
financiers effectués par
des banques sous forme de portefeuilles vendus à des spéculateurs qui deviennent
propriétaires
d'un patrimoine immobilier comme des actionnaires le sont d'une société. Leurs gains proviennent
des loyers, des exonérations fiscales, des plus values lors des reventes.
Morceaux de villes
transformées en produits financiers...
Acquisition de tronçons de rues (ainsi, Thubaneau, dans le secteur PRI Belsunce) par des investisseurs
sans compétence dans la gestion de logements.
Les propriétaires en titre n'ont aucun lien concret avec l'objet concret, en l'occurence des immeubles remplissant une fonction réelle de logement réel pour des locataires réels.
C'est l'opérateur Marseille Habitat qui fait fonction de
gestionnaire sur le terrain (régie immobiliaire).
Au moment opportun, les investisseurs peuvent réaliser leur
capital et aller investir sur d'autres filons.
Sur Marseille, le PRI s'applique aux
quartiers Panier,
Belsunce-Saint-Basile et Capucins-Noailles.
Donnant lieu à des changements de propriétaires par l'intermédiaire de préemptions
publiques (début de cycle), ce dispositif est complété par des subventions à la rénovation
et des
défiscalisations (voir ci-dessus).
Ces cadres règlementaires permettent l'expropriation de
propriétaires
ne voulant ou ne pouvant prendre en charge les travaux de réhabilitation.
Ils s'accompagnent de délogements de
locataires (avec des méthodes pas toujours respectueuses du droit et des personnes — voir ci-contre), et ouvrent la porte à l'investissement spéculatif.
Critique du paysage / vue documentaire
À suivre... Marseille capital
Le 5 juillet 2007 - "NOUVELLE SPECULATION RUE DE LA REPUBLIQUE -
Dans un document confidentiel
le fond d'investissement Lone Star
met en vente 505 logements et 193 commerces" (En un lot, de manière anticipée
sur les échéances publiquement annoncées) vv
Le 31 juillet 2007 — "CES QUARTIERS OUBLIES PAR LES BUS ET LE TRAM —
Le tandem bus-tram
laisse en rade des milliers d'usagers." vv
^^ Ces unes plutôt critiques à l'égard de la municipalité pourrait
laisser croire aux non-marseillais que La Provence est un journal frondeur.
Ce n'est pas le cas, mais il est arrivé que...
Rue transformée en produit financier, le cas
de la rue de République —
Une partie de la rue de la république (côté Vieux Port) est acquise par Eurazeo-ANF. Les
interventions de cette société ont eu pour effet une augmentation importante des loyers. Cette structure
reste toutefois dans un cadre classique, proche du terrain, et assume une fonction
prioritaire de bailleur (ANF valorise aussi des bails commerciaux).
Ce n'est pas le cas d'autres intervenants qui sont de purs spéculateurs "à l'américaine".
Les Etas-Unis, c'est le berceau de la société Lone star, dont la filiale Marseille République possède
désormais l'autre partie de la rue (côté Joliette).
C'est en 2004 qu'Eurazeo et Lone star-Marseille République ont
acquis une grande partie de la rue de la République (A noter :
quelques immeubles en
copropriété sont restés à l'écart de ces opérations).
Cette étape fait date dans une série de transactions à grande échelle. Lors des dernières
opérations ce sont des centaines de millions d'euros qui sont en jeu. Mais il ne s'agit ni du
premier ni du dernier épisode.
La rue de la République a une longue histoire avec la banque et la finance - depuis sa construction, sous le Second Empire.
Ne peut-on imaginer qu'une grande partie de ces domaines passeront de propriétaires en propriétaires,
au gré d'opportunités spéculatives, jusqu'à redevenir, en bout de cycle, des segments immobiliers "déqualifiés" et à nouveau dégradés ?
Dans le centre-ville, la logique des politiques immobilières de l'équipe
Gaudin-Muselier-Chenoz (adjoint chargé de la réhabilitation du centre-ville) :
rénovation en trompe l'œil, avec brutalités et expulsions à la clé [voir encart], profits rapides réalisés dans le dos de la population,
avec une nouvelle dégradation dans les années à venir - et cela pour aller à contre-sens
de la logique sociale.
Juillet-août 2007
(^^La partie de Monopoly rebondit en décembre 2007, date à laquelle Lone Star réalise sa plus-value en cèdant le magot à Atémi...)
Comme de nombreux protagonistes de la nouvelle finance, l'enseigne Lone Star est délocalisée et ses ports d'attache sont des paradis fiscaux.
Auto-présentation de Lone Star :
"Lone Star has affiliate offices in London, Tokyo, Seoul, Taipei, Dallas, Dublin,
Brussels, Luxembourg, and Frankfurt. Its general partner is a Bermuda-based entity
headquartered in Hamilton." www.lonestarfunds.com
Cette transaction entre opérateurs privés se réalise en coordination avec
l' Etablissement Public Euroméditerranée, sous le parrainage de Renaud Muselier (premier adjoint au
maire).
Lone Star/Marseille République se propose un profit
substantiel et rapide.
Déçue par les perspectives, la société offshore remet prématurément sur le marché
son domaine foncier (opération Sun and moon — voir la
Provence du 5 juillet 2007, article de Florent Provensal vv).
Juillet 2007 : Fuites sur le dossier confidentiel Sun and moon —
« L'Américain Lone Star met en vente ses
505 logements et 193
commerces » — La Provence jeudi 5 juillet 2007.
Le PDG de Marseille République dément l'information.
Décembre 2007 : les faits démentent le démenti.
LONE STAR se défait de MARSEILLE REPUBLIQUE.
« Marseille : Atemi-Lehman Brothers reprend une partie de
la rue de la République » — Brigitte Challiol dans Les Echos du 20 Décembre 2007. Le site des nouveaux promoteurs :
atemi-immobilier.com
« Jean-Claude Aznavour est nommé directeur général
d'ATEMI Méditerranée, filiale d'ATEMI en charge de la valorisation des 850 logements
et 45000 m² de commerces de la rue de la République à Marseille. » businessimmo.info/pages/lettre/...
« janvier 2008 - Le Cabinet Poulain & Associés vient de conseiller le fonds Lone Star dans le cadre de la cession d'environ 600
logements et 50000 m2 de surfaces commerciales dans la rue de la République (Marseille) à Atemi-Lehman Brothers.
Le montant de l'opération, signée le jeudi 20 décembre, s'élève à une valeur d'environ
200 millions d'euros, dont 100 millions de créances bancaires. »
lawinfrance.com
« L'opérateur immobilier Atemi, émanation de la banque américaine Lehman Brothers, vient
de racheter par l'intermédiaire de sa filiale azuréenne Marina Baie-des-Anges la totalité
du capital de Marseille République. La société avait été créée en 2004 par le fonds Lone
Star pour réhabiliter et commercialiser un patrimoine de 168000 m2 au cœur de la cité
phocéenne. »
lemoniteur-expert.com/btp/btp/moniteur_hebdo...
«
"Ce ne sont pas des opérations de spéculation pure et dure mais des gens qui ont la volonté
de valoriser leur patrimoine, assure pour sa part Jean-Claude Gondard, secrétaire général de
la Ville. Et de telles signatures financières redorent encore plus l'image de Marseille.
Ces changements de propriétaires ne nous font pas peur ; au contraire, ils vont permettre de
réaliser de nouveaux développements pour ces ensembles."
Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la Ville -
"Nous n'allons pas changer l'équipe et tout recommencer, explique Olivier Dubois,
directeur général de la branche management d'Artemi (sic) et
les dirigeants qui veulent rester pourront le faire. Mais nous avons déjà des idées
précises, notamment en matière de logements avec une intention de faire du plus haut de
gamme que ce qui était prévu, à l'image de l'immeuble Le Quai à la Joliette. Bien
évidemment, tous les engagements déjà pris seront respectés."
»
^^ skyscrapercity.com/showthread.php (Il s'agit d'un forum. Le billet cité reprend un article de
Florent Provensal paru dans La Provence du 7 janvier 2008)
« L'opérateur a déniché non pas un, mais deux acquéreurs. En toute discrétion, le Groupe Buildinvest (Paris) a signé un chèque de
16 millions d'euros le 17 octobre 2007 pour faire l'acquisition d'un ensemble de 13 immeubles non restaurés représentant 154
appartements situés dans la partie médiane de l'artère haussmannienne, du 35 au 55 rue de la République et aux 9 et 11 rue Jean-
Marc-Cathala, représentant une surface habitable totale de 9 000 m2. Spécialiste de la rénovation immobilière d'immeubles dans le secteur du marché de l'immobilier ancien à travers l'investissement en "secteur sauvegardé", Buildinvest commercialise actuellement ces appartements dans le cadre de la loi Malraux qui octroie de nombreux avantages fiscaux (...)
» ^^ Extrait d'une revue de presse sur le site de Buildinvest. Le texte provient de Ouest-France.
^^ Petite revue de presse, jusqu'en juin 2008.
Nouvelles questions à la stratégie municipale
La
rue de la République se retrouve plongée dans la crise financière
américaine de l'automne 2008. Au cours des années passées, la stratégie Gaudin-Muselier a
désarmé la gouvernance sociale en faveur de la loi du profit sans frontière.
128 immeubles de la rue de la République et du quartier Joliette ont été
acquis, en décembre 2007, par l'opérateur
ATEMI, filiale de LEHMAN BROTHERS REAL ESTATE PARTNERS
(qui possède 40% du capital d'ATEMI — la hauteur de cette participation variant selon les
sources).
« Shares in Lehman Brothers have lost over 70 per cent of
their value this week as the investment bank has fought to stay afloat.
»
FT.com September 12 2008 12:24
« Lehman races to find buyer or investor.
...
option for Lehman is to agree rapidly a deal to sell a majority stake in its asset management
subsidiary to acquire much-needed capital. »
US.FT.com sept. 11 2008 19:30
« Lehman
Brothers files for bankruptcy.
Pricewaterhouse Coopers has begun the process of winding down Lehman's European units on Monday morning.
The London Financial Services Authority said in a statement: "Lehman Brothers is a US
institution regulated by the [Securities and Exchange Commission], so the FSA is working
closely with the US authorities to ensure an orderly wind down of its principal UK trading
subsidiary, Lehman Brothers International (Europe), which was placed into administration earlier this morning."
"The FSA is working with market practitioners, including the London
Clearing House, to ensure the process connected with the winding down of this wholesale
business is completed in an orderly manners to minimise any market disruption." »
ft.com September 15 2008 11:47
Le 12 septembre 2008, l'administration américaine intervient pour
coordonner une opération de sauvetage de LEHMAN BROTHERS. Mise à mal
par la crise immobilière, cette banque
d'investissement a perdu au cours des derniers mois plus de
90% de sa valeur boursière.
Le 15 septembre, la banque LEHMAN BROTHERS est déclarée en faillite.
Difficile de croire que cela n'aura aucune
incidence sur la petite rue marseillaise.
Sur son site internet, ATEMI, propriétaire de 128 immeubles en travaux dans le 2ème
arrondissement de Marseille, se flatte — se flattait — d'être adossée à LEHMAN BROTHERS. Cette banque est aujourd'hui en faillite.
Lorsque
LONE STAR revendait
son bien, en Décembre 2007, à une filliale de LEHMAN
BROTHERS, le très fûté Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la Ville, déclarait :
« de telles signatures financières redorent encore plus l'image de Marseille."
Le répèterait-il aujourd'hui, alors que
LEHMAN BROTHERS devient le symbole d'une débâcle financière ?
Cette mésaventure questionne une fois de plus la jobardise
municipale qui fait dépendre des marchés spéculatifs l'avenir de la vie urbaine locale.
Quant à Buildinvest (nouveau propriétaire de 18 immeubles), sa spécialisation
dans l'investissement sous loi Malraux ne laisse rien augurer de bon. (Voir ci-dessus, le cas de deux immeubles de la rue Thubaneau d'abord acquis par
des spéculateurs, et remis en vente une fois réalisés les bénéfices fiscaux favorisés par la loi
Malraux)
En outre, selon les dernières statistiques des notaires (septembre 2008), Marseille est davantage touchée par
la baisse des transactions que l'ensemble de la France.
Voir aussi : La machine
molle — ou Marseille Capitale européenne
de la culture comme dévoiement d'une identité populaire, raffut inconsistant
érigé en culture officielle et instrumentalisation des acteurs culturels au service des projets municipaux de
mutation du centre-ville. Ces projets urbains sont attérants sur le plan
social, culturel, architectural, paysager et fonctionnel...,
et il sont irréalistes quant à leur chances de succès à long terme. Le retournement de la conjoncture immobilière et la
crise financière vont sans doute précipiter l'épreuve de réalité.
Dernières mises à jour, le 22 septembre 2008.
«
Ce ne sont pas des opérations de spéculation pure et dure (...)
Ces changements de propriétaires ne nous font pas peur.
»
Jean-Claude Gondard, secrétaire général de
la Ville — décembre 2007
CETTE CHRONIQUE est arrêtée fin septembre 2008.
Lien ultérieur intéressant vv
rue89.com/marseille/2008/10/16/la-faillite-de-lehman-brothers-aubaine-pour-le-logement-social"
Les politiques immobilières
édilaires prises à contrepied
par les promoteurs et la logique du marché — ou la conquête du
centre-nord (rue de la République) concurrencée par la dynamique
des quartiers
sud-est
(Prado-Rouet) —
Ou encore : l'histoire marseillaise se répète-t-elle à 130 ans d'écart ?
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les Grandes Manœuvres
planifiaient la Joliette et la rue de la République - rue Impériale - comme LE
nouveau quartier de la
bourgeoisie, quand la bourgeoisie locale construisait ses beaux quartiers en sens inverse, autour de la
Préfecture et du Prado —
Dans les années 2000,
les Grandes Manœuvres
planifiaient la Joliette et la rue de la République - ex-rue Impériale, mais ce nom était de nouveau invoqué sur les placards publicitaires
- comme LE
nouveau quartier bourgeois, quand la promotion immobilière "plus ordinaire" faisait sortir de terre un nouvel ensemble
pour classes moyennes dans la direction opposée, vers le Rouet, au-delà de Castellane, non loin du parc du XVIème
centenaire — Les chances de succès étaient excellentes pour celui-ci nulles pour celui-là, en raison des tendances
de fond qui orientent Marseille et, comme si cela ne suffisait pas, par l'inversion de la conjoncture
économique en plein milieu de l'opération Euroméditerranée.
Nouvelle preuve que le
mirage des profits et les recettes importées rendent aveugle et incapable de considérer les données empiriques et les leçons de l'histoire locale.
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