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Un projet anti-social et raciste sous-tend, depuis plus d'un siècle, la gestion municipale marseillaise. Le pauvre, l'immigré, le non-soluble, voilà l'objet du délit,
La machine molle -
celui que l'on veut exclure de la centralité urbaine qu'il a l'insolence d'occuper.
Marseille capitale européenne de la culture (suite) Les mandatures Gaudin se sont particulièrement distinguées dans ce sens. Même lorsque les immigrés font du commerce et ne sont pas si pauvres, l'idéologie misérabiliste les rabat sur une image de pauvreté et les exclut d'un droit de cité plein et entier. Contribuer aux réjouissances de Marseille capitale de la culture c'est participer au projet urbain et politique en cours, vis à vis duquel ces réjouissances sont une façade promotionnelle. Petit trait d'optimisme pondéré :
Les stéréotypes de l'ingéniérie urbaine n'ont pas la capacité de sortir le centre-ville de
Marseille de sa vocation de territoire populaire et cosmopolite. Ils peuvent démembrer
des espaces, mais bon an mal an l'organisme vivant (la vraie ville) n'a pas d'autre choix que de se reformer
sur les schémas antérieurs, sur des lignes de forces qui ont la vie dure.
Pour influer durablement sur une entité aussi massive qu'une ville, il faut en accompagner certaines tendances. C'est spécialement vrai de Marseille, où la centralité populaire a une forte puissance démographique et industrieuse qui s'appuie sur une histoire profonde et un caractère de ville-port impossible à évacuer. Il n'est pas sûr que les stratégies, la dynamique économique et (anti-)sociale, les montages financiers invoqués par les aménageurs aient une force suffisante pour "reconquérir" durablement le centre-ville. Il est douteux que le capital financier et les classes moyennes aient un besoin vital des premier et deuxième arrondissements de Marseille. Il est probable que les paris des édiles n'aboutiront qu'à une mutation artificielle et fragile. La gentryfication résidentielle du centre ville n'aura pas lieu. Le retrait de Lone Star et la faillite récente de Lehman Brothers, propriétaires successifs, par filiales interposées, d'une centaine d'immeubles sur la rue de la République, montrent combien il est périlleux de s'en remettre à des investisseurs spéculatifs. Voir pour plus de détails : Nouvelles questions à la stratégie municipale. Seule une politique qui accepterait certaines évidences et accompagnerait le mouvement organique de la ville, serait à même d'en améliorer la qualité. Au lieu de ça, sans pour autant atteindre leurs objectif, c'est à un gâchis qu'aboutissent les recettes des normalisateurs et des capitalistes de l'immobilier, du mobilier, de la grande distibution, et les ordonnateurs des festoyances artistiques sans lesquelles il manquerait ce supplément d'âme au projet global.
Le festival tournant des capitales européennes de la culture relève d'un
totalitarisme festif.
A Marseille, il s'agit de publicité pour un projet de promotion immobilière, de normalisation sociale et culturelle. Au delà de la culture des artistes - à laquelle, souvent avec raison, plus personne ne s'intéresse - la culture qui s'avance c'est celle de la perte de sens, du bruit, d'une vantardise proportionnelle à sa vacuité. Transformer l'avanie en occasion ? Cette machinerie à grand spectacle peut être l'occasion pour des voix minoritaires de fourbir quelques armes d'intelligence, afin d'analyser dans quel monde on voudrait nous conduire - celui déshumanisé de la gestion marketing. Ces quelques lignes ne dispensent pas d'une lecture plus fouillée, et de lectures particulières. C'est juste pour ne pas rester sans voix. Voici peut-être un thème pour les années à venir.
A proximité de l'école élémentaire du 179 boulevard National
3ème arrondissement de Marseille, une affichette format A4, toute seule : |
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