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Égoscopie / microroman
Litanie de fin d'étéÉcrit à jeun en regardant l'image expansée d'une bouteille de 1664 qui se doute du sort qui l'attend : 1 la pesanteur, 2 la grâce, 3 l'état d'ébriété
Le 3 n'est pas neutre sur le coefficient
des deux autres : parfois
renforçant 1, souvent
allié à 2.
Facteur désinhibant vis à vis d'une pulsion vulgaire qui ne craint plus d'étaler sa lourdeur ( 1 ) ou cause d'une légèreté volubile ( 2 ), mais non libérée d'une menace chronique. Avez-vous recherché, bloggeurs, écrivants, auteurs, l'effet sur vos soupirs lexicaux z'et grammaticaux des relents pétillants, âpres, z'ou secs de boissons aux couleurs variées dont la teneur chymique mesurée en degrès est légalement, dûement, clairement, habituellement, exactement, systématiquement et précisément mentionnée (comme il se doit à notre époque encore industrielle et plus que jamais règlementée) sur l'étiquette collée sur le contenant vitrifié d'un contenu liquide parfois partiellement gazeux. Alcool :recours facile ou factice,douteux ou inutile en circonstances charnières comme aujourd'hui, où est abordée la bretelle de tangente, la voie de déviation, la trajectoire oblique,
à la sortie de
l'été
- saison peuplée en nos contrées de ces êtres de 4 centimètres de long, accrochés dans les arbres, que l'on entend plus qu'on ne les voit, et dont certains, ayant quitté leurs pinèdes endémiques, viennent tenter l'aventure en ville : les cigales,
que je préfère aux pigeons.
Recopié et garni d'ajouts au fur et mesure que
baissait le niveau du contenu de l'objet
vitrifié mentionné plus haut.
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Relevé(s) du quotidien
Métro Réformé13001 Marseille, direction La Rose. 18h30 — Juste avant la fermeture des portes et le redémarrage de la rame, une main se tend et laisse tomber sur le quai une liasse de feuilles A4 pliées en trois. — Je me baisse pour les ramasser. —Et je lis : «
OFFRE N0 : 125034Z
«
ANPE Marseille
Le reste de la liasse comprend dix autres propositions du même type. « POUR UNE FRANCE PROPRIETAIRE»À Bonneveine, au Merlan..., partout..., le promoteur Kaufman Broad fait la promotion de Sarkozy. — Ou alors c'est l'inverse. Cet automne 2007,avant les avocats, les cheminots, les étudiants..., les internes s'opposent aux réformes du gouvernement. — Marseille, Hôpital de la Conception. vv «REFORME DE L'ASSURANCE MALADIE PROPOSEE PAR LE GOUVERNEMENT : Modulation du conventionnement en fonction de la densité médicale. Conséquence : Très forte augmentation du nombre de médecins en secteur 3, pour lequels la Sécurité sociale n'effectue aucun remboursement ! Développement d'assurances et mutuelles privées à la place de la Sécurité sociale : les plus riches seront les mieux soignés !!» http://medecinsengreve.unblog.fr
Relevé(s) du quotidien
Bar Le PhénixRue Sainte Cécile 13005 Marseille — le 23 octobre 2007, 18h15.
Un homme sur le seuil face à la rue, mains croisées derrière le dos, jambes écartées...
«QUESQUISTRAM ?»Ci-dessus, affiche collée boulevard Lonchamp, boulevard National..., lors de l'inauguration du nouveau tramway — Fiction d'un atterrement général qui vaudrait mieux et serait plus justifié que la satisfaction lénifiante de la municipalité. Marseille capitale de quoi ? — Images de contentement creuses et passe-partout.
ajouté en 2014
Critique du paysage / vue documentaire
J'en ai rêvéla municipalité de Grenoble l'a fait.La municipalité écologiste de Grenoble a décidé de ne pas renouveler son contrat avec la groupe d'affichage et de mobilier urbain JCDecaux. Cette annonce, qui était une promesse de campagne du maire, Eric Piolle, est « une première européenne pour une grande ville », explique la mairie : « La municipalité fait le choix de libérer l'espace public grenoblois de la publicité en développant les espaces d'expression publique et ne lance pas de nouvel appel d'offre pour de l'affichage publicitaire. » ^^ http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/24/grenoble-commence-a-bannir-la-publicite-de-ses-rues_4528080_3224.htmlhttp://www.lemonde.fr/societe/article/2014/12/02/grenoble-se-reve-en-nouveau-modele-de-la-ville-sans-publicite_4532368_3224.html Parasitisme publicitaire, signalétique et sub-signalétique / politique de l'explicite, de l'implicite et du non-signifiant. Contours suggérés d'une cécité politiqueNovembre 2014 Au delà d'une opposition à l'invasion publicitaire, opposition largement partagée et presque consensuelle, ces notes mettent l'accent sur un enjeu voisin mais encore étranger au sens commun critique. Il s'agit d'élargir le concept de pollution publicitaire à celui de pollution signalétique..., puis à passer de l'idée de pollution (de nuisance, de surcharge...) signalétique à un concept de pollution sensorielle par stimulis non-signifiants issus des dispositifs techniques. Cette ambition correspond à des défis réels, attestés et en devenir. L'objectif étant d'intégrer le tout comme source de préjudice et enjeu d'intégrité. Celui-ci serait alors élargi, enrichi à la mesure et selon la nature des agressions. Serait ainsi pris en compte une nouvelle pulsion vitale, pulsion rêtive, pulsion de liberté, quel que soit le nom qu'on lui donne (et qu'on la nomme pulsion, besoin ou désir) — Il est même possible d'invoquer la ligne de fuite chère à Gilles Deleuze, quoiqu'il ne s'agisse pas seulement de fuir mais de fourbir quelques armes — Pour fuir un fatras (se protéger d'un fléau) il faut l'avoir circonscrit. Circonscrire, c'est ce que je suggère face à une espèce qui ne sévit autant que de n'être pas encore l'objet d'un concept collectif. Je fais l'hypothèse de deux niveaux de phénomèness : l'invasion signalétique ; l'inflation sub-signalétique — Ces deux espèces se déploient l'une comme l'autre dans la vaste sphère de la médiation artéfactuelle (= artificielle, mise en œuvre par des programmes, des appareils, des dispositifs techniques, électroniques et numériques). Mais, alors que la première classe — signalétique — est concernée par des signaux explicites, la seconde — sub-signalétique — est investie par des stimulis non-informatifs. Ces derniers débordent (« par le bas ») des émissions informatives et communicationnelles (au sens originaire de ces mots) ou surgissent indépendemment de tout dispositif informatif. La prolifération signalétique : Etant donné le constat d'invasion publicitaire concernant les signaux de promotion commerciale, je dirai qu'une invasion signalétique plus large la prolonge, la complète, lui fait pendant... dans une dynamique de saturation. Cette inflation, invasion,prolifération... concerne le balisage, les alertes, l'expression ou le soulignement d'éléments fonctionnels non commerciaux mais acquérant, par manie signalétique, certains traits de l'interpellation commerciale. Les manifestations en sont sonores, visuelles, vibratoires. Elles ont une affinité pour les effets rythmiques : répétition, intermittence, clignotement. Ces signaux proviennent d'émetteurs assez sophistiqués sur le plan technologique (quoique banalisés) et très primitifs dans leurs effets, quant à leur substance émise. Ainsi, ils font peu usage du verbal, de l'écrit. Cette signalétique est le plus souvent à fort niveau de redondance. Les signaux en soulignent d'autres et se soulignent eux-mêmes sans aucun sens de l'économie informationnelle. L'effet d'énervement (ou du moins d'excitation nerveuse) leur est rarement contingent mais constitue le plus souvent une de leur finalité. Le sub-signalétique : Quant au sub-signalétique, il désigne tout stimulus non instrumental, greffé ou non sur un signal (instrumental) mais pouvant en être distingué. À la rigueur, il s'agit des « signaux » qui ne signifient rien, autrement dit de l'ensemble des bruits et des interférences générés sciemment, de manière organisée et technologique sans finalité précise — Ce champ représente une vaste sphère de médiation artéfactuelle et humaine... De médiation car concernant des chaînes et des réseaux d'agents... Artéfactuelle car technologique... Humaine car l'humain y est présent à maint niveau, le récepteur final lui-même n'étant pas obligatoirement réduit à une entière passivité mais pouvant fréquemment limiter, amplifier ou encore relancer l'émission... voire même en combiner plusieurs..., ou encore en fabriquer de nouveaux, une des manières pour cela étant de « dérégler » des signaux, de les décombiner (comme dans les bars où l'image télé se combine à une musique qui n'a rien à voir, où plusieurs écrans créent un effet de diffraction), en les « désignifiant » en quelque sorte. L'espace global qui correspond à cette engeance dont notre époque voit la prolifération est celui qui relie tout artéfact émetteur de stimuli prémédités (non-causés de manière contingente) à tout récepteur (à toute personne en tant que dotée d'un système sensoriel — et, à la rigueur, pas forcément d'un cortex cérébral). Cette sphère des stimulis artéfactuels non signalétiques ne correspond pas à la sphère communicationnelle à laquelle le sens commun (intellectuels compris) a trop tendance à limiter ses conceptions et sa critique. Le signalétique (le sémiotique) est soumis à l'ordre du signifié, à l'intention de signifier. Par l'intermédiaire du corps (des récepteurs sensoriels) il vise l'esprit. L'esprit ou du moins un certain champ intellectuel (cognitif) même très simple. Les signaux (les signifiants) transmettent des informations univoques (des signifiés identifiables, bien que leurs connotations et les appréciations dont ils sont l'objet, puissent être équivoques). Au contraire, le sub-signalétique, relève d'un niveau d'immanence (il a, en cela, à voir avec le musical et le décoratif. Certes, si un caractère d'immanence est commun au musical, au décoratif et au sub-signalétique artéfactuel, ce dernier reproduit, dans la culture déshumanisée, une teneur de fébrilité que n'ont obligatoirement ni le musical ni le décoratif, quoiqu'ils l'aient souvent). Le sub-signalétique s'adresse aux corps et à un niveau primaire d'affectivité (affecte les corps et un niveau primaire d'affectivité), sans nécessairement s'intéresser à l'intellect quoiqu'il puisse l'atteindre, mais d'une manière détournée et assez indéterminée (équivoque). Si le sub-signalétique symbolise c'est sous l'aspect de conotations propre à chaque récepteur (à chaque victime ?). Le sub-signalétique est sans intentionnalité informative (du moins ne vise à aucune précision informative). Il se situe, à la rigueur, dans une disproportion (ou dans une non-concomittance) entre sa stridence, sa puissance, sa fréquence, sa vigueur colorée, et une éventuelle mais non-nécessaire intention de signifier dont il est souvent l'excroissance inutile. — S'il est difficile de tracer une frontière étanche entre les deux, distinguer une classe des stimulis de celle des messages me paraît nécessaire. W. S. Burroughs a écrit Le Ticket qui explosa, ce qui est presque Le Ticket qui fait biip. — Il a aussi écrit Exterminateur ! — Qu'est-ce qu'il est question d'exterminer ? Des parasites !!
Dans l'univers des émissions, la raison politique a le tort de ne s'intéresser qu'aux messages. Elle reste ainsi une raison sous-développée qui se cramponne à ses évidences intellectualistes, qui en reste à un simplisme sécurisant et grégaire (pourquoi grégaire ? Parce qu'il est plus facile de se tenir chaud dans le partage de crédos que dans des géométries plus complexes). Une telle raison politique (le sens commun critique) abandonne ainsi les êtres humains à des maux qui ne sont pas exactement douleur ni blessure physique, qui ne sont pas non plus directement liés aux oppressions économiques ou sexuées, pas plus qu'aux racismes ou au mépris de la nature. MAIS, de ces intrusions, de ces vrilles, de ces attaques minimes multipliées, de ces interférences pathogènes par effet de nombre..., les nerfs de nos semblables, la sensorialité de chacun ainsi que l'humeur contemporaine sont de plus en plus affectés. JCDecaux et Cie c'est la préemption des espaces publics,
leur accaparement au bénéfice d'une publicité omniprésente, parasitant les installations urbaines — Stations de vélos en libre service, abribus et autres équipements
sont convertis en multiplex publicitaires — La publicité animée accroche d'autant plus le regard — Une signalétique proliférante transforme toujours plus la ville en source de fébrilité et de saturation sensorielle — JCDecaux et ses confrères contribuent à une ambiance nuisible et hostile, à un environnement contraire à la tranquillité des sens et à l'autonomie de l'esprit, quoique certains spécimens d'humanité puissent s'y sentir chez soi et seraient mal à l'aise hors de cette sollicitation sans limites.
La publicité extérieure à la JCDecaux est moins perfectionnée technologiquement que celle du web 2.0 et du Big Data, mais les deux marchent de front dans un mouvement invasif. Le modèle JCDecaux basé sur les panneaux n'autorise qu'un ciblage faible (surtout géographique, zonal), il perfectionne un mass media traditionnel. Si les dispositifs ont supprimé la colle et le balai, ils pérénisent, en les perfectionnant (affichage rotatif et animé), des éléments tels qu'affiches et panneaux. La vidéo a investi la publicité extérieure mais reste un mass média — pas très fin et donc largement invasif. Je ne sais si la publicité ciblée est moins invasive, mais elle est encore filtrable (au moins pour les usagers dotés d'une certaine compétence), en outre, elle demande souvent une participation des consommateurs(ce qui demande souvent aussi un minimum de compétence). L'utopie du web 2.0 et du Big Data c'est la suggestion personnalisée suivant chacun comme son ombre, investissant (infectant ?) chacun en anticipant ses moindres mouvements pupillaires. S'il existe Adblock et d'autres modules filtrants pour évicter les animations intempestives ou pour contrer les spams, pas de parade simple pour désintégrer les surfaces publicitaires sur supports rotatifs ou sur écrans vidéo, pas de dispositifs faciles pour neutraliser les boucles sonores ou visuelles-animées-abrutissantes dans les espaces publics. Ce type d'intrusions place l'esprit démocratique et l'esprit tout court devant une urgence conceptuelle délaissée. Nous sommes face à une occupation tout terrain où se mêlent le signifiant et l'infra-cognitif. L'instinct de vie invite à de nouvelles résistances, à l'émergence de nouvelles intolérances face à la stratégie et au style d'un capitalisme d'immixtion, d'un métacapitalisme réduisant ses opposants incapables d'une vision bilatérale, d'un paracapitalisme qui profite de chaque relâchement de nos plus que jamais indispensables surmois libertaires. La volonté commerciale a la puissance des réseaux d'automates, des écrans qui émettent et nous atteignent sans que nous les ayons allumés. Le promotionnel (parfois dit communicationnel dans sa stratégie d'auto-promotion) investit des parties d'écrans ou des hauts-parleurs qui se déchaînent à notre insu. La publicité franche ou voilée pour des produits particuliers ou diffus s'impose sur tous les horizons. La promotion marchande est rejointe par la promotion institutionnelle.
Voici l'apothéose de l'incitation à consommer,conforme à celle du Capital à s'accumuler, et, pour ce faire, à coloniser chaque terminaison nerveuse. Marketting vorace et anticorps d'intégrité mentaleLa défense d'espaces neutres et disponibles est une voie salutaire face à une tendance lourde des paysages construits. Il est remarquable qu'une municipalité résiste aux courants de saturation alors que l'impératif d'une intégrité sensorielle est rarement à l'ordre du jour des agendas citoyens. Les anti-pubs mettent l'accent sur le contenu (le signifié) commercial des publicités quand la forme (la vibration en dessous du verbal et par delà le sens figuré) est davantage encore un fléau. Dans un univers saisi par les automates d'alarme, d'injonction, de promotion, de garniture, d'agitation pour l'agitation et de bruit pour le bruit, dans un environnement d'inflation du volume et de la fréquence des stimuli artificiels multi-canaux, où le sécuritaire se joint au ludique, dans l'ubiquité des clignotements visuels et sonores, pixellisés, automatisés, signifiant par leur message ou par leur insignifiance même, dans un dérèglement logique où le bruit concurrence le bruit et où une excitation ne chasse pas forcément l'autre, défendre le droit au rien, au vide, au coefficient vital de silence quotidien va de pair avec la santé, le bien être, la liberté.
L'indifférence politique et esthétique vis à vis de telles exigences signale la pauvreté des courants alternatifs. Le 25 novembre 2014.
Relevé aléatoire du sub-signalétique (impressions et avis divers) :« Avis des internautes : Note : par sarah26 Paris, 04/12/2013 Correct Bonnes enceintes. Très facile à utiliser en Bluetooth. Par contre, le vendeur m\'a indiqué que l\'on pouvait les utiliser avec des cables sans me dire lesquels....Le clignotement est parfois lassant.. »^^ Copié-collé à partir du site de la Fnac.
« Pour compenser la chute de leurs revenus publicitaires, les sites multiplient le nombre et les formats des encarts. Une tendance qui exaspère de plus en plus les internautes, nombreux à se doter de logiciels de blocage de pub, et à remettre en cause un modèle économique à bout de souffle. Reportage d'Abdelhak El Idrissi. » http://www.franceculture.fr/emission-pixel-ras-la-pub-en-ligne-2015-01-16
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[1] Récit mythologique, l'histoire d'Alice se prête à des interprétations diverses. — Un angle de lecture rattache Alice au pays des merveilles au sadisme. Le personnage d'Alice rejoint la Justine de Sade et le K. du Procès de Kafka dans une Odyssée de la maltraitance. — Alice au pays des sévices. Mais dans l'ouvrage de Lewis Caroll, il ne s'agit que d'une violence logique et affective. — Alice est confrontée à des logiques folles et à des relations glaciales entre des êtres qui ne semblent pas en souffrir. Ce niveau atténué de violence permet à Alice de sortir vaccinée et aguerrie, alors que les personnages de Sade et de Kafka après avoir été torturés et persécutés, sont achevés à la dernière page. A l'issue d'un voyage problématique souvent décevant, mais également ludique, Alice peut entammer un nouvelle phase de vie. Comme la Zazie de Queneau, à la question : Qu'as-tu fait tout ce temps ? elle pourrait répondre : J'ai vieilli. Ces ouvrages de L. Caroll, de Sade, de Kafka s'ils maltraitent leurs personnages centraux, et dans deux cas sur trois les font mourir, déniaisent en tout cas le lecteur, qui, faisant un bilan après de sa lecture, peut dire également : J'ai vieilli. C'est à dire : Je me suis déniaisé. Ces trois romans peuvent être vus comme des déclinaisons spécifiques d'un même thème (d'un méta-mythe ou d'un mythe tout court, le propre d'un mythe étant de soutenir de multiples variantes). Ils concernent la problématique évoquée ci-contre dans la mesure où ils dynamitent la naïveté. L'admiration proprement dite n'est pas dans leur collimateur. — Mais la naïveté n'est-elle pas un genre dont l'admiration est une sous-espèce ? Les maniaques de l'admiration, les aficionados qui carburent à l'admiration, ignorent ou refoulent l'esprit critique qui leur permettraient de sortir de leur état de tutelle et de subjugation. Dans ces espèces se trouvent des amateurs d'art et des cinéphiles tout autant que des supporters de football. xhtmlcss |
4 maximes républicainesDissolution des égos, conjuration des égaux. Anti-corps, anti-sorts, exorcismes. Pour déjouer, désenchanter, comprendre. Le charme est innocent, la séduction machiavélique.
Maître et esclave unis dans l'insuffisance de la suffisance
L'admiration parasite. Etre animé par ce sentiment : problème.
Le produire sciemment chez autrui : autre problème.
Prophylaxie libertaire. Vaccin
contre l'admiration. Fabrique d'anticorps républicains.
Pour la conquête de l'espace humain.
Sans Dieu, ni maître, ni idole. — Mais quand le ménage est fait il reste encore du travail. — Débusquer dieux et maîtres cachés dans l'angle aveugle.
Cependant, modèles : accroches d'identification, invitation à faire des choses
fortes, enrichissement de la vie par la dimension imaginaire. Dialectique entre
imitation et construction de soi. Sans oublier l'aspect sécurisant que peuvent avoir une tutelle et une compagnie imaginaire en période de fragilité. — Acceptable et utile dans l'enfance. Mais l'âge adulte appelle une réduction des totems.
Des contes et des mythes démystifiants — Alice in Wonderland. — Alice au pays des
Merveilles traite de questions politiques : la tyrannie, l'arbitraire oppressant et l'arbitraire libérateur — la légitimité de choix choquants pour l'habitude
mais parfaitement praticables — devant de nombreux dilemmes, Alice, ne pouvant se fier qu'à son libre arbitre, perd sa naïveté culturelle. [1] — La mariée mise à nu par ses célibataires, même... Ce récit met en scène la figure du narcissique idôlatre. Duchamp le flanque du nom de
célibataire.
Démystifier les perfections incarnées, connaître
les personnages aimés dans leur imperfection, admettre leurs aspects moins aimables. — Travail du
désenchantement.
— Vous pouvez remplacer admiration
par idolârie ou fascination, le
concept visé étant quelque part entre ces termes.
«No more heroes.» —
Jésus mort sur la croix est une idole singulière. Le
destin terrestre du Christ tend à l'honneur du déshonneur.
La divinisation d'un humilié défie les ressorts traditionnels du culte et
de l'admiration.
Dans la problématique amoureuse l'admiration est souvent présente, dans le sentiment vis à vis de l'aimé, mais aussi, dans une version aussi médiocre que
largement partagée (très humaine) : dans le désir d'être envié par l'exhibition de l'aimé conçu comme un atout de prestige.
Je t'aime pour faire de toi un emblème de ma vanité. — Certaines pratiques qui devraient avoir leur fin en soi trouvent une motivation dans le bénéfice narcissique qu'elles permettent. Ainsi, l'innocence et le sérieux sont battus en brêche lorsqu'un propos de qualité est remarqué comme brillant plutôt que pour sa justesse.
Bazar des vanités — Avantage du sophisme sur la vérité, de Protagoras sur Socrate. Résistance de Socrate. Résistance de Pascal :
Problématique que la psychanalyse nomme
phallique. — Phallus :
emblème narcissique que les petites personnes désirent
avoir ou être. — Endiguer le moteur phallique, s'en moquer : enjeu de l'autonomie.
Mais la pulsion destituante, ne peut-elle, par excès unilatéral,
manifester une destructivité castratrice (exprimée par Nietzsche - où, dans quel
texte ? - par le terme
ressentiment) ? — La voici cette pulsion, prisonnière (esclave) du (hantée par le)
Phallus qu'elle
veut déboulonner.
Elle voit
des Phallus partout,
confondant dans son iconoclasme les figures humanisantes de la Loi et
celles oppressantes du Phallus.
Cette précaution prise... —
L'aliénation au Phallus va avec la dialectique de la domination, celle du Fascinant content de l'être et anxieux de risquer de cesser de l'être,
et du Fasciné. Abusés l'un et l'autre.
— L'admiré craint de perdre ses
attributs. Il est conscient qu'ils ne sont que des substituts acquis au magasin des
accessoires afin de masquer un manque plus profond. — L'admirateur se résoud à l'insatisfaction, compensée par la sécurité d'être
annexé — ce qui donne au moins un statut — par les miettes d'éclats du dominant qui rejaillisent sur
lui (sur elle).
Politique à minuscule et grande échelle. — Préoccupation ou indifférence par rapport à l'image
de soi. Cette oscillation se joue
au sein même de cette phrase, et il est possible qu'elle se jouera aussi, de manière ténue, complexe et sophistiquée, la prochaine fois que
je me rappellerai à vous, et la prochaine fois que vous vous manifesterez
à moi. — L'idéal serait le dépérissement de ce
champ de tension.
Souhaitant éprouver ma réflexion, j'ai demandé à Aude ce qu'elle en pensait. — Admiration, fascination, idolâtrie. — Elle situe ces mots dans un même registre.
A part l'idolâtrie, elle accepte ces sentiments sous certaines formes - comme pointes
passagères. Mais cet ensemble est pour elle négatif.
Aude ajoute à ma liste le terme vénération
(adoration aurait
aussi sa place). — Elle rappelle qu'on peut
admirer une chose, un paysage,
une œuvre. Je me demande s'il m'arrive personnellement d'employer ce mot dans de tels contextes.
En m'intéresssant à la posture admirante, même si c'est pour l'analyser et tenter de la
réduire — car le plus souvent elle nous réduit —, j'avoue qu'elle ne m'est pas étrangère. Ce combat est aussi contre moi-même. — Je me suis surpris hier à dire que
j'admirais quelqu'un ! — Je m'amuse parfois à désigner ce quelqu'un comme mon
héros du
quotidien, ce qui est un oxymore. Mais ce que j'apprécie chez lui c'est
sa vraie modestie — la modestie de sa mise, l'efficacité de son action, sa justesse morale et son aspect anti-spectaculaire.
Hors de l'hystérie subjuguée, une autre approche permet
à celui qui contemple des grandeurs et des forces de grandir et de se renforcer.
Ne pas renier la grandeur mais en avoir un concept dégagé des scories
anti-démocratiques
tout en conservant les notions de qualité, de beauté, d'amplitude.
Pratiques culturelles qui nous
grandissent en nous faisant participer
à un grand, à un profond, à un insondable (?). — Participation = interpénétration du sujet et de l'objet polarisant.
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