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Il   Regrets éternels   Il disait  Un soir, Ce mardi matin, Si une telle   Si je   Inflation signalétique et empire du quelconque (suite) Vue intérieure Il y a deux Soupape de nostalgie, suite et fin La différence Ça y est,
image Nicole Guidi

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 Alterégoscopie / microroman

Il  

restera inscrit au bilan de quelques-un(e)s à la colonne des regrets éternels.
(C'est actuellement son seul projet politique)
Il en retire un soulagement minuscule.


 

Regrets éternels  

Certains ou certaines loupent le coche par défaut d'audace, manque de présence d'esprit, auto-censure, respect des convenances, confort jugé préférable.
L'occasion perdue va se loger dans la boîte des regrets éternels.

Ils ou elles ont depuis appareillé sur un autre bateau, le seul qui prenait encore des passagers.
Afin de ne pas troubler l'illusion de leur bon choix, ils ou elles prennent garde de tenir bien scellée la boîte des regrets éternels.
Mais du coffret fermé s'échappe parfois (de préférence lors de certains quartiers de lune) un chant lointain et lancinant.
Sans qu'ils ou elles y prêtent attention, les regrets éternels viennent les hanter de leur voix ténue mais pénétrante, comme un chant subliminal. Ils ou elles n'en reconnaissent pas la provenance, et c'est à peine s'ils ou elles l'entendent, mais ils ou elles en éprouvent de curieux maux d'estomac qui les rendent (lors de certains quartiers de lune) étrangement lunatiques, et parfois même féroces.

Image Nicole Guidi
 

Il disait 

qu'il valait mieux épouser sa voisine qu'une étrangère. Ça me laissait songeur et disposé à le croire.

Il s'appelait David O. et je me souviens très mal de sa peinture.


 

Un soir,

sa compagne m'avait invité à manger. C'est là que j'ai vraiment fait la connaissance de Monsieur O (mais n'ayant rien su en faire je n'en dirai pas plus à son sujet). Autour de la table basse, une autre convive était présente. Elle s'appelait Fosia. — Tout le monde prononçait mal son prénom et je ne suis pas sûr de bien l'orthographier. Sa famille venait d'un autre continent, nous avions grandi dans la même ville mais nous n'étions certainement pas voisins.
En fin de soirée, je m'étais rendu malade pour avoir une raison de rester dormir dans la même chambre qu'elle. — Précision : une semaine plus tôt, en dînant au restaurant en compagnie d'autres folles jeunesses, elle avait déclaré haut et fort qu'elle aurait bien voulu m'épouser. L'assistance n'avait pas relevé, moi non plus. C'était inattendu.

Plus tard, la dernière fois qu'on s'est croisés (c'était à la gare), on a fait semblant de ne pas se reconnaître.


 Relevé(s) du quotidien

Ce mardi matin,

je demande l'heure à un homme arrêté.
Ma montre est arrêtée à dix heures... Elle s'est arrêtée..., me dit-il, en me montrant, à son poignet, un bracelet en métal doré dont le cadran aux aiguilles en métal doré indique neuf heures.
J'ai comme un doute... Je me retourne alors vers une femme qui passe.
Dix heures cinq, me dit-elle.
Ouf ! le monde reprend son cours, lent et irrésistible.

Environ une demie-heure plus tard, je repasse au même endroit. L'homme à la montre arrêtée n'a pas bougé – Le contraire eût été étonnant.
De nouveau dans la nécessité civile de me coordonner avec ce support objectif connue comme la mesure scientifique du temps, je demande l'heure à un livreur d'échantillons sanguins qui file droit devant et ralentit à peine pour me répondre. Il me montre la sienne qui, j'ai le temps de l'apercevoir, indique onze heures quinze.
(Ça ne correspond à rien - il ne peut pas être onze heures quinze !)
C'est l'heure des Etats-Unis, désolé, me dit-il.
Mon aplomb subit alors un léger vacillement.
(Onze heures quinze ça ne correspond quand même à rien, j'en ai la certitude)
Question rhétorique : s'il était onze heures quinze aux Etats-Unis, pourrais-je en déduire quelque chose quant à l'heure qu'il est ici, sous la longitude approximative du méridien de Greenwich, auquel il faut ajouter, ou soustraire, quelques degrés de longitude est ? (Question rhétorique, puisque je sais que onze heures quinze ça ne correspond à rien, mais question quand même car mon cerveau ne peut s'empêcher de s'attarder sur cette information qui n'en est pas une) Puis, je réalise que les Etats-Unis n'ont pas une heure mais s'étendent sur plusieurs fuseaux horaires – Et de réaliser cela, curieusement, je ressens un imperceptible soulagement.

Je me dis que ce matin j'ai un problème avec la montre des autres.

(Devant la boutique Bouygues-SFR, près du Super U, boulevard Sakakini – Mardi 22 juin 2010, entre 10h et 10h45)


 Alterégoscopie / microroman

Vue intérieure

Des façons d'en laisser en dessous, une manière de fragilité et de faire avec — de s'en faire une raison sans trop s'y arrêter —, de composer avec l'incertitude — quant à la manière dont les autres la considèrent et quant aux intentions dont elle est l'objet —, un art de maintenir en elle quelque chose de tu, de laisser glisser sur elle les propos et les propositions qu'elle ne peut — ou ne veut, ou ne doit pas — accueillir. Laisser glisser... à moins que ces énoncés — ces propos et ces propositions — ne deviennent par trop irrespectueux, ou trop cumulativement amoindrissants, auquel cas elle s'insurge, ce qui surprend.

Ce qui lui est dit et qui ne s'accorde pas spontanément avec sa disponibilité intérieure mais auquel ses défenses n'opposent pas d'emblée leur imperméabilité, elle le laisse fermenter, germer, se révéler en elle, à son propre rythme, en secret... Elle laisse décanter. Par un processus mystérieux, elle saura plus tard ce qu'elle peut — ou veut, ou doit — en faire, ou bien, tout compte fait, le rejettera sans décret ni déclaration, et sans avoir toujours une claire conscience du métabolisme qui aboutit à séparer le bon grain de l'ivraie. Le point de rupture intervient — se précipite — lorsqu'un niveau de désagrément — malaise d'amour propre ou désaccord moral — est atteint et — sans espoir d'amendement prévisible — perdure et se répète. Elle laisse alors tomber en pure perte — s'en détache en le faisant passer par pertes et profits, le congédie pour solde de tout compte — ce qui — incompréhensible, inacceptable ou par trop dépareillé — s'est révèlé inintégrable. Son organisme repousse dans un coin ou évacue l'objet refusé, transformé en statue de sel et réduit à s'effriter.

Au quotidien, elle ne ferraille pas sabre au clair. Elle argumente peu son point de vue, elle est peu polémique. La force qu'elle déploie dans l'activité — où elle se montre disponible, opiniâtre, organisée dans la synthèse, appliquée dans le détail — est toujours, en même temps, une manière d'assumer une modestie (une bonne volonté de novice ?) face à des instances plus affirmatives qu'elle et plus volumineuses, mais qui, le cas échéant, s'épuiseront en voulant la convertir, tomberont de haut en ayant cru la soumettre.


 

Il y a deux

sortes de femmes. Celles qui trouvent cela inquiétant, celles qui trouvent cela intriguant.

Scolie :

En vertu de la vérité très certaine et cruciale dans l'approche de toute monade humaine selon laquelle chacun et chacune est composé de plusieurs personnalités ou parties de personnalités non forcément complémentaires mais souvent contradictoires, chacune de ces personnalités étant susceptible de prendre le dessus pour un temps et selon les circonstances (circonstances déterminées par la paix des organes, par leur dérangement ou par des facteurs périphériques que je me dispense pour l'heure de rechercher), il est possible d'affirmer, en complément à l'assertion ci-dessus, qu'à certains moments une telle sera davantage portée à réagir à la survenue d'un événement ou au surgissement d'un détail plus ou moins incongru – et en tout état de cause inhabituel – par un mouvement de recul inquiet alors qu'en une autre occasion la même (mais quand même différente) répondrait à la même (rigoureusement identique) proposition par un éveil intrigué.

Néanmoins, dans l'ensemble et sans négliger les fluctuations aléatoires ou cycliques de leur disponibilité, de leur disposition, de leur inclination, certaines femmes sont davantage sensibles aux tentations aventureuses, quand d'autres tendent à vouloir maîtriser les écarts aux reflets même lointains d'inconvenance, à calibrer la rareté non soumise aux standards, à refouler les étrangetés à double entente, à repousser l'ivraie du risque au détriment du bon grain sans garde-fou. Ces dernières sacrifient ainsi les frissons secrets, ensevelissant sous le ciment du réalisme (du conformisme) les filons dorés. Elles reprennent à leur compte la formule de l'Ecclésiaste : « Rien de nouveau sous le soleil », l'indexant d'une valeur conforme à leur souhait quand, pour l'auteur du texte biblique, il s'agissait d'un constat désenchanté.

Scolie :

Si l'on qualifie de crainte auto-protectrice la tendance à réagir par l'inquiétude et si l'on nomme audace celle qui consiste à trouver du charme à ce qui intrigue, la population ne se répartit pas si simplement entre ceux et celles marqués par L'Audace et ceux et celles évoluant sous le signe de La Crainte. Car, à moins de relever du type casse-cou impénitent et autre risque-tout inconséquent ou d'appartenir au contraire au type absolument inhibé, devant certaines surprises une première personne se montrera audacieuse là où une seconde prendra peur, mais un malaise pourra fort bien glacer la première dans un cas où la seconde gardera tout son calme et peut-être même sentira son métabolisme se réchauffer dans un effet de stimulation.

L'esprit d'aventure devant l'incongru ressemble à la gourmandise. S'il existe des gourmands intempérants et des ascètes de constitution, on trouve aussi des appétits électifs et sélectifs, réagissant en ce domaine selon l'humeur et les circonstances.


 

Soupape de nostalgie, suite et fin

Récemment sur Linkedin j'ai trouvé une photo d'Elsa. C'est le seul document objectif dont je dispose sur elle, avec, par aileurs, sept lettres. — Une photo c'est plus qu'un document sur quelqu'un. La formulation précédente, alors, n'est pas la bonne. — Elle se ressemble (indication justifiée puisqu'objectivité photographique et ressemblance ne sont pas tout à fait synonymes). — Froide et cinétique. Son strabisme divergent de l'œil droit y apparaît, contribuant à cette fêlure qui me plaisait plaît. — Mais sur la photo pas de trace de ce sourire comme confus de s'exprimer, ce sourire spécial et comme malgré elle, qui me rendait irrésistible ce visage en éclat. — Ce sourire par lequel elle semblait avoir peur de se laisser dépasser. — Ce sourire inouï qui ne faisait qu'un et s'harmonisait à merveille avec ce strabisme divergent d'un œil (lequel ? la photo me le rappelle ou me l'apprend).

En fait, un strabisme divergent n'est toujours que d'un œil. L'œil dominant fixe l'objet et l'œil faible diverge.

 

Si une telle  

dit qu'elle va bien sans que nul ne le lui demande, il ya de fortes chances qu'elle n'aille pas si bien.


 Égoscopie / microroman

Si je  

dis que je ne le referai jamais, il y a de fortes chances que je le refasse.

Les vraies résolutions se dispensent des proclamations.
Celles-ci cherchent à me convaincre en dépit du doute qui me hante... Doute quant à mes chances de ne pas retomber dans le fameux piège dont j'excelle à ne pas savoir me défier, et même — dans certains cas —, dont j'excelle à ne pas vouloir me défier (en dépit de la version officielle).


 

La différence

entre la première et la dernière fois c'est que la première fois on le sait. — La dernière fois on ne le sait pas toujours, même quand on l'a décidé et cru faire le nécessaire pour cela.

Une première fois détermine toujours la dernière fois de son négatif. — C'est la première fois qu'il est mort, c'est la dernière fois que je l'ai vu vivant.


 Hors-sujet (Le bon, le beau, les maux, les mots)

Inflation signalétique et empire du quelconque (suite)

...

Internet reste un espace pluraliste et conflictuel, multiculturel en ses contenus. Les tenants du tout-marchand n'y ont pas le champ libre, des forces citoyennes s'y constituent, défendant le contenant en tant dessin N. GUIDI qu'espace démocratique. (Voir : april.org;
La quadrature du net).
De plus, l'apesanteur des signaux numériques est une invitation permanente à la multiplication non commerciale des copies (coût quasi-nul de la nième copie).

Dévaluation du langage — "Langage" est pris ici dans son acception la plus large : énoncés verbaux, artefacts sonores, images en tous genres, présentation de soi — "Dévaluation" va de pair avec prolifération, comme dans l'économie monétaire, où dévaluation et inflation sont deux aspects d'un même phénomène (la quantité du numéraire étant inversement proportionnelle à sa valeur).

La rumeur informe et le déversoir généralisé gagnent du terrain dans l'espace de la parole, que celle-ci soit numérisée ou orale, publique ou privée, juvénile ou pas, artistique ou informelle. Pseudo-idées, pseudos-nouveautés, pseudo-mots, pseudo-libertés (cohabitant avec d'énormes censures), surcharge.
Ce n'est pas seulement la sphère de la parole qui s'émousse en gonflant et en proliférant, c'est aussi l'espace du silence et de l'innocence qui se voit menacé par la nullité — nullifiance — signalétique.
Je parlerai d'un environnement bruyant, par le fait des personnes, des institutions, des techniques, de la fureur de vendre et de se vendre.

Néo-capitalisme et inflation signalétique :

Le néo-capitalisme c'est celui des 15% de retour sur investissement comme norme annuelle, celui qui va de bulle en bulle, de crise en crise, celui des expansions fictives et des maquillages en tout genre.
Ce système plein de trous d'air décline les précarités et les déséquilibres à tous les étages : du côté des nouveaux riches (traders internationaux, oligarques russes...) aussi bien que chez les pauvres (qui  conjurent souvent le marasme par des fictions ostentatoires).
Les dynasties fortunées et l'aristocratie ouvrière - normes affaiblies par trente ans de thatcherisme, de dérégulation, de floraison des actionnaires, de prospérité du crime organisé, de chômage... - s'adossaient à une forte légitimité. Au contraire, les identités précaires - celles d'en haut et celles d'en bas - compensent par une inflation signalétique, par des stratégies publicitaires, par une loghorrée idéologique Le style Sarkozy est une apothéose dans ce domaine, mais aussi, dans la ville où j'habite, le style Gaudin-Muselier, avec la bulle urbaine qui va avec. Quoi qu'ils aient en commun, je n'identifie pas absolument les deux - Sarkozy faisant preuve d'une indécence qui est nouvelle dans le domaine qu'il occupe.
Société du spectacle, reigne du paraître, effort sémiotique de chaque instant face aux inquiétudes...
Question (ou ébauche de question, laquelle en impliquerait beaucoup d'autres) : ces stratégies – narcissisme des institutions et bousculades des ego – ne sont-elles pas des avatars de la luttes des classes, des compléments à la lutte des classes, en même temps que le déni de celle-ci ?

 Égoscopie / microroman

Ça y est,

je lui ai réglé son compte ! De rage, après avoir d'abord réprimé mon geste, me suis laissé aller à lui écraser la pointe, à lui fracasser le capuchon. De rage, ou plutôt avec rage. Car la raison aussi me poussait à virer cet objet loin de ma vue, qu'il déguerpisse hors de ma portée afin que je ne sois plus exaspéré, pollué par cette source d'énervement — de mortification — , quand ma tendance penche facilement dans ce sens et n'attend qu'une telle occasion pour basculer  côté pire.

...

Après 1 an et 1/2 (suite)

Intime et public... Les deux sont liés, puisque mon regard, même lorsqu'il est objectiviste, journalisticoïde, ou même théorique (c'est rare mais ça arrive) part toujours d'une émotion intime. Mais il peut sembler confus de voir se succéder sur la même page une chronique sur l'urbanisme et une semi-indiscrétion égotique (voire érotique). — Par souci de lisibilité chaque page sera donc placé sous le signe d'une dominante, tout en laissant parfois se confronter des objets intimes avec des thèmes plus impersonnels, lorsque confrontation fait image.