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Critique du paysage / vue documentaire
D'une position consistante face à Marseille 2013/ IntroductionLes avanies humaines peuvent être atténuées lorsque leurs effets de nuisance – pas toujours évitables – sont dissociés de leur pouvoir de déboussoler. Les adversités sont partiellement transcendées si elles sont vécues en pleine conscience, les yeux ouverts. L'affliction peut être une occasion de s'affermir. Il s'agit alors de ne pas perdre trop de plumes, de ne pas en sortir dans un sentiment amoindri de soi–même. Une agression monumentale à l'intelligence telle que Marseille 2013 Capitale européenne de la Culture a tout pour dégrader ceux qui y participent et polluer l'environnement de ceux qui en subissent le vacarme et la sottise. / Ici, il serait nécessaire de questionner la possibilité d'une autonomie différenciée parmi ce qui se propose sous l'emballage, sous le label Marseille 2013. Autrement dit : – comment ce qui est convoqué par une manifestation totalisante telle que celle–là peut–il se situer autrement qu'en termes d'absorbtion par rapport à cette totalité ? – dans quelle mesure les objets proposés ont–ils la capacité d'être autre chose que des sous–produits ? Fonction–label, sur–manifestation, autonomie ou dépendance d'une présentation vis à vis d'un contexteDes œuvres, des expositions,
des spectacles présentés dans un cadre de festival, de festivité, ou de commémoration
labellisé peuvent disposer
de divers degrés d'autonomie
par rapport à une fonction–emballage. Souvent, un label est appliqué sans qu'il existe de lien immanent entre tel moment ponctuel (œuvre, réalisation, présentation) et ledit label. Un lien immanent serait, par exemple, d'avoir été créé pour le contexte englobant, directement afin de s'y intégrer. Dans les cas moyens, les deux niveaux se rencontrent sans être absolument nécessaires l'un à l'autre. Mais ils sont à tout le moins compatibles l'un avec l'autre, et ils se rencontreront d'autant plus favorablement qu'un désir de l'un pour l'autre aura été présent dans la génèse de chacun (ou sinon de l'un pour l'exemplaire exact de l'autre, de l'un pour l'espèce de l'autre). Mais, même non nées dans une fusion programmatique avec le contexte où elles trouvent à se médiatiser, ces réalisations se trouvent dans une dépendance vis à vis du contexte en question (ou bien y a–t–il seulement interaction entre les deux ?). Cette relation de dépendance – ou d'interaction – se joue en termes de financement, de promotion, d'infrastructure, de succession ou de concommitance dans un programme, mais aussi sous d'autres rapports plus subtils mais non moins agissants, quoique moins facilement accessibles à la désignation. Dans quelle mesure un contenu financé – par exemple – par Marseille 2013 et enrôlé dans ce faire–valoir peut–il s'abstraire de ce déterminant ? Tout contenu ne reste–t–il pas imbibé par le cadre de la sur–manifestation – c'est à dire par ce qui ce qui le labellise ? Tout contenu en présentation – au moment–clé de sa rencontre avec un public – n'est–il pas atteint et transformé par le sur–propos qui enrobe son propos particulier ? Le désir d'aborder ce problème provient notamment d'une candeur et d'un postulat d'innocence
fréquents chez les artistes. Ce postulat consiste à croire que
leur propos transcende le contexte où il s'actualise. Digression lacunaire sur les déterminants et les caractères de la croyance artistique (qui ne dispense ni d'un perfectionnement conceptuel ni d'un regard empirique pouvant amener à en complexifier le propos)
Le postulat
d'innocence tout autant que la quête à rejoindre les coupables, c'est à dire les gagnants au sein d'un système à la fois
crétin et injuste, déterminent une culpabilité – qualitativement différente selon l'espèce, selon que nous sommes devant un cas de naïveté ou de cynisme.
L'art n'est–il pas ainsi devenu le terrain de prédilection d'une faillite morale, d'un auto–avortement de la vigilance, d'une incapacité à culpabiliser pour de vraies raisons (alors que ses
pratiques sociales génèrent une énorme mauvaise conscience – aussi énorme que mystifiée – par le fait qu'y règne à outrance
le mythe de la compétition) ? Programme exhorbitant d'une critique de voisinageMême si la lucidité est minoritaire (ou peu mobilisable), le fait qu'elle existe et aiguise quelques lames d'intelligence est une petite victoire d'humanité. Cette page est une analyse en devenir, un brouillon d'arguments – contribution, qui, pour mener quelque part, devra passer par un échange. Cette approche pourra toucher à la morale, à l'économie politique des espaces de vie, à l'esthétique (dans son sens XVIIIème siècle : manière dont les sens sont affectés, flattés ou agressés), aux disciplines qui étudient les articulations des fonctions et les externalités (fonctions latérales d'un produit non inclues dans l'intention de ses producteurs) – programme considérable dont je ne prétends pas plus que gratter l'épiderme (et encore cette formule est–elle déjà prétentieuse). J'espère, tout au plus, énoncer quelques approximations et avancer quelques éclairages dans une forêt de confusion (formule également prétentieuse, mais peu importe – l'impuisance à tenir un discours à la hauteur de ses enjeux théoriques ne signifie pas forcément zéro utilité, vu l'espoir – utopique ? irréel ? – de rencontrer une écoute de bonne volonté disposée à combler par son propre effort quelques unes des lacunes de l'énoncé). La réflexion autour de cette manifestation – réflexion qui prolonge un sentiment d'opposition radicale et de principe à tout ce qui en relève de près ou de loin – a nécessairement des tenants et des aboutissants qui vont au delà de cet exemple particulier de gestion événementielle, promotionnelle et instrumentale. / Marseille 2013 relève d'un lieu commun de promotion marketting, de stratégie marteau–pilon dans un projet d'embrigadement aux allures de fête.
Ce qui est en jeu c'est d'abord la capacité des opposants politiques
au capitalisme dans son style actuel – pressurant et intrusif, promotionnel et festif – à élargir le champ de
leur critique
vers des domaines qui, jusqu'à présent, ont du mal à s'imposer comme composantes du sens commun des
résistances et des alternatives. Cette question et les questions connexes sont tout simplement évacuées par la nébuleuse militante (à l'exception de minoritaires dans la minorité). Tout simplement, ces questions n'en sont pas pour le sens commun de groupes, d'organisations, de réseaux qui par ailleurs mênent des combats valeureux de solidarité, de syndicalisme, de défense des droits, de développement alternatif. Il résulte de cette cécité – trou noir conceptuel – un silence, une paralysie de la critique vis à vis des formes culturelles d'agression et de subjugation, de tromperie culturelle et de connivence culturelle avec les stratégies capitalistes (et particulièrement avec la soi–disant revitalisation urbaine). D'où une passivité profonde – ou une critique de détails manquant l'essentiel (ou croyant toucher à l'essentiel en négligeant les détails, alors que ces détails sont l'essentiel) – face à une manifestation telle que Marseille 2013. La gauche locale de résistance y répond par du désarroi, du malaise, de l'indifférence. Le phénomène est alors relégué au rang de non–objet politique. Nous pouvons voir des acteurs menant, par ailleurs, des actions intéressantes sur des objets plus traditionnels, adopter des postures participatives, assorties de déclarations d'intention de gauche. Dans ce cas, la puissance corruptrice de l'institution et l'effet unanimiste de la culture ont eu raison de toute logique de positionnement. En plus de son angle socio–politique, une critique du propangandisme festif comporte un aspect plus sensible : Il s'agit aussi de défendre une sphère de contemplation libérée de l'instrumentalisme pompier, une liberté des pulsions sensibles et esthétiques, un droit de ne pas être sans cesse l'objet de racolages, d'images, de rythmes, de célébrations visant à nous plonger corps et âme – de manière subliminale ou pas – dans la pulsation consumériste et dans la course compétitive. Nos organes de perceptions sont sans cesse encombrés par l'inflation signalétique, contaminées par les pavanes des institutions, par l'exhibitionnisme de la paléo et de la néo–bourgeosie, par le besoin d'affichage des identités précaires (les édiles de Marseille eux–mêmes ont une identité précaire, d'où leur surenchère permanente). Une dimension à déconstruire se situe dans le champ même de l'individu – ou dans l'individu en tant qu'il se comporte dans un champ inter–individuel où les individus sont aliénés à une conception d'eux–mêmes qui les conduit à se connaître et à se comporter comme des croupions d'institutions (micro–entrepreneurs de leur auto–promotion). / Cette attitude – quand un organisme ne se distingue plus du cancer qui l'affecte – n'est nulle part plus totale que dans l'identité–artiste. Conclusion de l'introductionDerrière tout ça, c'est sans doute la stratégie du Capital qu'il convient d'éclairer.
Mais c'est aussi une dimension intime et spirituelle qu'il me paraît vital de réinvestir.
Work in progressVoici quelques têtes de chapitres, pistes à suivre ou à infléchir, intuitions à dégrossir, amorces à développer, offertes au regard d'autres porteurs d'autonomie neuronale. Ces notes seront amenées à se formuler et à se reformuler au cours des mois – et des années – à venir.
Une bibliographie, une revue de contributions et une liste de liens pouvant éclairer cette réflexion seront aussi proposées et
enrichies
au fur et à mesure.
Poussières d'hypothèses à propos de la socio–géo–graphie de Marseille et du résultat du premier tour des élections cantonales de dimanche 20 mars 2011Précaution : ce résultat électoral est peu représentatif des opinions de la population adulte de la ville – abstentions, scrutin partiel, non–inscrits, nombre d'habitants non–nationaux privés du droit de vote. Mais : l'abstention est en elle–même représentative – de quelque chose de profond, sur lequel je n'ai rien de particulier à dire qui ne soit déjà dit et redit par d'autres. Quoiqu'il en soit : une analyse fine des résultats pourrait peut–être contribuer (croisée avec d'autres données statistiques et d'autres observations) à une vision de la géo–socio–urbanité d'une grande ville. laprovence.com/article/tous–sports–14326 Je me contente ici d'une remarque.
Dans les 3 cantons du centre–ville concernés par le scrutin de dimanche
dernier – ND DU MONT (canton 7), CAMAS (8), CINQ AVENUES (5) – , le FN perd des voix par rapport aux cantonales de
2004 (quoiqu'il progresse en pourcentage – et bien qu'il soit en tête au CAMAS). Quartiers résidentiels et vote FNPar contre, PARTOUT AILLEURS – première ceinture et deuxième ceinture EST et SUD de la ville (secteurs plutôt ou franchement résidentiels) –, malgré le faible niveau de participation, le FN progresse en voix. Pour des constats plus fins que les gros titres médiatiques
N'est–ce pas dans les quartiers majoritairement bourgeois ou classes moyennes – situés hors de la centralité urbaine –
que le FN croît et prospère le plus ?
Quelques liens sur la socio–géo–graphie du vote FN:
Un regard sur ces différents liens, une lecture de différents articles de la revue Hérodote s'échelonnant sur une longue période et concernant des espaces aussi variés que la Côte d'Azur et le Nord–Pas de Calais indiqueraient qu'il n'y a pas un mais des votes FN. Néanmoins, un effet conjoint : périphérie urbaine + classe moyenne en panne se signale comme l'un des déterminants des bons résultats électoraux du Front National.
Relevé(s) du quotidien
Sous les essuie-glaces des voitures garées en bas de chez moi :« Europe écologie les verts(...)Le premier vainqueur de l'élection sur le canton des Cinq–Avenues est l'abstention avec 61,81 %. Alors que de l'autre côté de la Méditerranée, certains ont donné leur vie pour pouvoir voter, c'est un triste constat : l'abstention révèle un dangereux décalage entre citoyens et politiques. (...) Contre le Front National votez Carlotti »(CARLOTTI Marie–Arlette : candidate P.S. dans le centre–ville de Marseille – canton des Cinq–Avenues –, arrivée en tête à gauche au premier tour et élue au second face au F.N.) |